Le prolifique écrivain Xavier de MONTEPIN (1823-1902) publia la plupart de ses œuvres en feuilletons et c’est d’ailleurs dans l’hebdomadaire « Les Feuilletons illustrés » de 1882, que figure « La Nuit du crime ».
Retenons de cette histoire dramatique qu’il s’agit d’une tentative d’accession à une fortune par un escroc nommé Poulard, qui se présente comme le comte de Polart et, par des manœuvres malhonnêtes, est sur le point d’épouser Melle Blanche de Presles. Mais elle est promise à Raoul de Simeuse et celui-ci s’en vient provoquer le prétendant à son domicile.
L’extrait qui suit nous montre que le choix des armes est laissé à l’offensé, et qu’à défaut il recevrait une volée de cannes de jonc. Il figure au chapitre XXXV intitulé « Une provocation originale », dans le n° 550 du lundi 29 mai 1882.
« Enfin, moins d’une heure après l’arrivée du fiancé de Blanche à Toulon, les trois amis descendaient de voiture à la porte de l’hôtel de la Marine-Royale, et Raoul demandait le baron de Polart au garçon de service.
- Monsieur le baron est rentré fort tard cette nuit, répondit ce dernier, il est encore endormi…
- Eh bien ! réveillez-le…
- Monsieur le baron me l’a défendu…
- Et moi je vous l’ordonne…
- Mais monsieur…
- Choisissez entre ces vingt francs et des coups de canne.
- Je choisis les vingt francs sans hésiter… »
-
Le garçon s’en va réveiller le baron de Polart et l’entrevue est orageuse :
« Nous avons en bas, dans ma voiture, deux paires d’épées et deux paires de pistolets… Comme nous avions bien prévu que peut-être il serait assez difficile de vous décider à vous servir de ces armes, qui sont celles des honnêtes gens, nous avons eu la précaution de nous munir aussi de cannes… Ces cannes, les voici… Ce sont des joncs de bonne qualité qui ploient à merveille et ne rompent que difficilement… Je dois vous avertir que ces joncs vont se trouver en rapport immédiat et direct avec vos épaules si vous persistez dans votre énergique résolution de ne point mettre l’épée ou le pistolet au poing…
- Comment, s’écria le malheureux baron, comment, vous oseriez porter la main sur moi ?
- Non, pas la main, mon cher monsieur, mais la canne, ce qui est bien différent…
- C’est une indignité.
- Que vous éviterez facilement… Voulez-vous vous battre, ou préférez-vous être battu ?… Choisissez !…
- Ni l’un ni l’autre…
Les trois cannes se levèrent simultanément.
- Arrêtez ! … je me décide… » (…)
Le portrait photographique de Xavier de Montépin illustrant cet article est extrait de la notice à son nom sur Wikipédia.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci