On l’a dit maintes fois, le simple bâton se prête à tous les usages, toutes les comparaisons, toutes les démonstrations ! En voici un nouvel exemple, tiré de « Essai sur l’activité du principe pensant considéré dans l’institution du langage », par Pierre KERSTEN, savant ouvrage publié en 1851.
Pour faire comprendre ce qu’est un son, cet auteur use de la métaphore du bâton enflammé.

« Si je tiens en main un bâton enflammé par le bout et que je le tourne doucement dans l’espace, je ne vois du feu qu’en un seul endroit, et c’est un simple point lumineux qui change continuellement de place.
Mais si je tourne le bâton avec tant de rapidité que le bout enflammé revient à la même place, avant que j’aie eu le temps de porter les yeux ailleurs, ce n’est plus un point lumineux que je vois, mais un vrai cercle de feu. Et plus le bâton tourne rapidement, plus le cercle est clair et bien déterminé.

Il en est de même du sens de l’ouïe. Un simple ébranlement communiqué au nerf auditif produit ce qu’on appelle un bruit, un choc, un coup, un éclat, un fracas, et cet effet varie d’après la force de l’ébranlement.
Mais si le bruit ou le choc se répète avec tant de vitesse que je ne distingue plus le temps qui s’écoule entre un choc et le suivant, l’organe, toujours ébranlé, toujours en mouvement par la même cause, ne nous fait plus éprouver qu’une sensation continue et uniforme que nous appelons « son ».

Article rédigé par Laurent Bastard, merci