Nous avons vu lors d’un précédent article (
La puissance du bâton de Moïse) que Moïse fit jaillir de l’eau d’un rocher pour désaltérer les Hébreux lors de l’Exode. Le Christianisme n’est pas non plus avare de légendes associées à des saints qui créent des sources de la même manière.
Dans le livre très documenté de James EVEILLARD et Patrick HUCHET (« Croyances et rites populaires », Editions Ouest-France, 2006), on apprend que de nombreux saints de la Bretagne (saint Aubert, au Mont Saint-Michel, saint Guénolé à Landévennec, saint Méen, saint Viaud et saint Roch) « frappent le rocher afin qu’y naissent des sources pour les ouvriers qui construisent leurs chapelles ou monastères. »
Les auteurs citent aussi « le père de saint Goulven, qui manque d’eau pour baptiser son fils et qui plante son bâton dans le sol duquel jaillit une eau limpide à Plouider dans le Finistère. » Ou encore « saint Efflam, dans les Côtes-d’Armor, qui frappe trois fois la roche d’où jaillit une source dans un lieu qui sera nommé Toul Efflam. » Quant à sainte Odile, « elle apporte le secours à un vieillard assoiffé qui gravissait le Hohenbourg, en frappant avec son bâton le rocher d’où sort une eau abondante et fraîche. »
D’autres légendes encore évoquent l’usage d’un bâton pour donner de l’eau : « Saint Loup, évêque de Chalon, fit de même à Saint-Loup-de-Varennes pour étancher la soif de pauvres moissonneurs. A Saint-Germain (Haute-Saône), c’est saint Desle qui fit naître une source abondante de l’endroit où il avait planté la houlette d’un berger qui l’avait aidé à s’orienter. »
J. Eveillard et P. Huchet reproduisent également un manuscrit enluminé conservé à la Bibliothèque nationale de France, fonds de l’Arsenal, représentant saint Antonin faisant jaillir une source à l’aide de son bâton.
Ces légendes ne seraient-elles pas une version christianisée de très anciennes pratiques de recherche des sources, effectuées à l’aide de baguettes ? Ce sujet fera l’objet d’un prochain article…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
Il existe d’autres légendes relatives aux saints sourciers. Le Guide de la France mystérieuse (Editions Tchou, 1964) en rapporte deux. La première se situe à Biville (Manche) : « Thomas Hèlye vécut au XIIe siècle. On raconte qu’un jour, fatigué d’un long trajet, Thomas s’assit au bas de la lande de Vauville. Il avait enfoncé son bâton dans le sol près de lui. Il avait soif. Arrachant son bâton du sol, il fit jaillir une source. Au siècle dernier, les pèlerins venaient puiser l’eau bénéfique de cette « fontaine Saint-Thomas », puis allaient à l’église râcler la pierre calcaire du tombeau du bienheureux, pour recueillir une poussière bienfaisante qu’on mêlait à la bouillie des enfants. »
La seconde fontaine se situe à Chézery (Ain). « Saint Roland y fit sourdre la « Fontaine-Bénite », du bout de son bâton, dans la vallée de la Valserine, pour désaltérer les moineaux. Un oratoire fort ancien a été érigé tout près. Une pierre percée d’un trou circulaire montre la source. »
[...] Ce type de bâton appartient à la catégorie des bâtons magiques, comme la baguette (Du bon usage du bâton et de la baguette pour la magie) et le bâton des saints sourciers (Le bâton des saints sourciers). [...]
[...] bâton sur le sol ou un rocher. Cet usage particulier du bâton a été abordé lors des articles Les bâtons des saints sourciers et Le bâton de saint Uniac. Revenons sur le sujet en laissant la parole à Paul SEBILLOT [...]