Le demi-dieu antique Héraclès (chez les Grecs) ou Hercule (chez les Romains) est presque toujours représenté avec son principal attribut : la massue.
Cette arme est une pièce de bois étroite à l’extrémité qui sert de poignée et lourde et évasée à l’autre extrémité, pour frapper. Elle est assez souvent représentée plus ou moins hérissée de noeuds et du départ des branches coupées.
Hercule aurait confectionné sa massue avec une grosse branche d’olivier sauvage, dont le bois est lourd et serré.
Sur un cratère du IVe siècle avant J.-C. conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York, on voit un artiste coloriant un Héraclès appuyé sur sa massue hérissée (La Grèce antique, Time Life, 1966, p. 86).
Une autre représentation, plus récente puisque due au peintre et graveur Albert Dürer (1471-1528), nous montre le jeune Hercule hésitant entre le Vice et la Vertu, selon l’apologue de Prodicos. La Vertu s’apprête à frapper d’un bâton le Vice, représenté par une jeune fille couchée avec un satyre, tandis qu’Hercule tient aussi un bâton à deux mains, ou plutôt un arbre déraciné et étêté, pour empêcher le geste fatal de la Vertu, à moins que ce ne soit pour s’associer à elle. Ce bâton, étroit à un bout, large à un autre, préfigure la massue qui va permettre à Hercule d’affronter le lion de Némée, l’hydre de Lerne et accomplir ses douze travaux.
Cette gravure, dont nous avons isolé un détail pour montrer les gestes de la Vertu et d’Hercule tenant leur bâton, est extraite du catalogue « De Dürer à Mantegna, gravures Renaissance de la collection Leber », édité par le musée des Beaux-Arts d’Orléans en 2010.
Ajoutons que la massue est parfois aussi l’attribut de Thésée, qui s’empare de celle de Périphétès après l’avoir tué, de Cupidon et des amours qui tiennent celle d’Hercule quand celui-ci succombe aux charmes de Vénus, ou encore de Silène, des faunes et des satyres.
Dans tous les cas, elle symbolise la force brutale, l’arme primitive, dont l’usage n’est pas codifié par des règles. Symboliquement, la massue est placée au dernier degré de la hiérarchie des armes, après le bâton, la canne et l’épée, celle-ci marquant la noblesse. En d’autres termes : au sauvage la massue, au paysan le bâton, au chevalier l’épée…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci