Les coups de bâton à but thérapeutique ont été utilisés par les Turcs pour traiter la folie (voir l’article du 28 novembre 2010), mais ils l’ont aussi été pour redonner vie à un mort. Enfin, presque…
Voici ce que rapporte Eugène MULLER, auteur de la « Petite histoire de la médecine et des médecins » publiée dans le « Musée des familles » de septembre 1874. Muller y évoque la personnalité de Rhazès, un médecin arabe du IXe siècle qui vivait à Cordoue.
« Un jour, passant dans les rues de Cordoue, il vit un grand rassemblement, s’approcha et se trouva devant un homme étendu qui, disait-on, venait de tomber mort. Après l’avoir examiné, il se fit apporter plusieurs baguettes, en arma les assistants, et s’étant mis à frapper l’homme principalement sur la plante des pieds, il pria ceux à qui il avait remis les baguettes de l’imiter. Au bout d’un quart d’heure seulement l’homme fit un premier mouvement, mais bientôt il se releva, et celui qu’on avait pu croire mort retourna chez lui entouré du peuple qui criait au miracle.
Almansor, qui régnait alors à Cordoue, voulut complimenter Rhazès :
- Je vous savais excellent médecin, lui dit-il, mais je ne croyais pas que vous eussiez la puissance de ressusciter les morts.
Alors le savant :
- J’avoue que j’entends la médecine, répliqua-t-il avec toute la dignité de l’homme droit et sincère. Mais Dieu seul a le pouvoir de ressusciter les morts. Ce que j’ai fait tantôt sur cet homme tombé dans la rue, je l’avais vu faire un jour au désert par un vieillard qui voyageait avec nous. Tout mon mérite consiste donc à m’être souvenu, et c’est le hasard qui m’a fait rencontrer un homme atteint du même mal que celui qu’avait guéri le vieillard du désert en le frappant de verges.
Le médecin arabe témoigne du même coup, à l’exemple de ses illustres devanciers grecs, qu’il considère l’expérience comme la première loi de l’art de guérir, et que tout charlatanisme lui est odieux. »
L’illustration de cet article figure dans le « Musée des Familles » de septembre 1874, p. 272
Article rédigé par Laurent Baltard, merci.