Après la canne de ramonage flexible et contemporaine, voici le bâton de ramoneur médiéval. Il est visible sur une gravure du milieu du XIXe siècle, de la série des « Costumes de Paris à travers les siècles », elle-même reproduisant un document de la Bibliothèque Carnavalet.
Le personnage à mine noire de suie est couvert d’un bonnet protecteur et porte des grattoirs à sa ceinture. Il tient une longue perche sur son épaule et crie à l’adresse de ses clients : « O tabas ! ».
« O tabas ! »… Mot énigmatique dont nous avons fini par découvrir le sens en nous reportant au « Dictionnaire historique des arts et métiers exercés dans Paris depuis le XIIIe siècle », par Alfred FRANKLIN (1905-1906). Voici ce qu’on y lit :
« RAMONEURS. Ils sont cités par Rabelais, qui écrivait son « Pantagruel » vers 1535. Dès cette époque, ils étaient presque tous savoyards ou piémontais. Ils parcouraient les rues, offrant à grands cris leurs services :
Puis verrez des Piémontoys.
A peine saillys de l’escaille ( = à peine sortis de leur coquille, tout jeunes)
Crians : ramona hault et bas
Vos cheminées sans escaille,
Et encore :
Ramoner vos cheminées,
jeunes dames haut et bas,
Faictes moy gaigner ma journées,
A bien houlser ( = brosser, nettoyer) je m’y esbas. »
Franklin renvoie à ses sources : G. CORROZET : Antiquitez de Paris, 1543, et A. TRUQUET : Les cent et sept cris (1545).
Revenons-en à notre cri : « O tabas ! ». Il s’agit des mots « haut et bas » cités dans les deux extraits ci-dessus, et qui font allusion au mouvement de va et vient de la perche où le ramoneur fixait une brosse ou un grattoir, ou encore au fait qu’il nettoyait les conduits de cheminées de haut en bas, c’est-à-dire en totalité. D’origine savoyarde ou piémontaise, les ramoneurs prononçaient les mots « haut et bas » en criant « O tabas ».
L’image du ramoneur est accompagnée de deux autres personnages à l’arrière-plan : un paysan et un mendiant.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci