Frédérick LEMAITRE (1800-1876) fut l’un des plus grands acteurs du XIXe siècle. Il dut sa célébrité à un personnage créé par Benjamin ANTIER en 1823, pour son mélodrame « L’Auberge des Adrets ».
L’histoire est celle de deux bandits et de quelques autres personnages, dont le cynisme des propos était à l’origine destiné à effrayer les spectateurs. Le rôle du bandit principal, Robert Macaire, avait été confié à Frédérick Lemaître, qui débutait dans le théâtre. Conscient de ce que la pièce était médiocre, il l’aménagea à sa façon pour une faire une bouffonnerie tragique. Il imagina de faire rire avec les propos horribles de son personnage, qui en devint spirituel, critique, comique, tout en restant un voleur, un escroc et un assassin. Le succès de la pièce fut énorme. Elle fut réécrite par F. Lemaître et B. Antier en 1832, imitée, jouée dans plusieurs théâtres, inspira une danse, un personnage de carnaval, etc. Mais le gouvernement de Louis-Philippe, craignant qu’elle ne devienne subversive, ridiculise l’autorité et rende les assassins sympathiques, la fit interdire.
Frédérick Lemaître interprétait sa pièce ainsi costumé, selon B. Antier : « Robert Macaire porte un lorgnon sur l’oeil, un bandeau qui le rend méconnaissable. Il a le chapeau tromblon sur le coin de l’oreille, une cravate rouge, une redingote verte à revers, des bottes et un vigoureux gourdin à la main. Il est grand, porte beau et cambre le mollet. »
Et dans ses Mémoires, F. Lemaître écrit que devant son complice Bertrand, Robert Macaire apparaissait sur scène « son chapeau sans fond sur le côté, son pantalon rouge tout rapiécé, son bandeau noir sur l’oeil, son jabot de dentelle et ses souliers de bal. »
Il jouait aussi de son bâton : « Holà! fait Macaire, assommant une table d’un formidable coup de gourdin, n’y a-t-il donc personne en cette cassine… » (cabane).
L’illustration de cet article est une lithographie que nous avons eu le bonheur de découvrir aux puces. Elle a été éditée par Langlumé vers 1830 et est légendée : « Frédérick Lemaître ; L’Auberge des Adrets, mélodrame ; Théâtre de l’Ambigu comique ».
Le bâton, ou plutôt le gourdin, y apparaît comme l’attribut du bandit, ainsi que nous l’avons déjà rencontré dans les articles Le bâton du coupeur de bourse et Le bâton de l’escarpe vu par Bertall en 1845.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci