Louis-Napoléon Bonaparte, le neveu de l’empereur Napoléon Ier, avait passé une partie de sa vie en prison et en Angleterre, lorsque la révolution de 1848 instaura la république en France. La première élection présidentielle le mit sur les rangs. Mais l’opposition socialiste, les républicains plus engagés dans la démocratie, craignaient son autoritarisme et sa volonté de revêtir les habits de son oncle pour diriger la France de façon autocratique. Ils avaient raison puisqu’une fois élu président, le 10 décembre 1848, il n’attendit pas longtemps pour renverser la République par le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et se proclame empereur un an plus tard.
Avant son élection, les caricaturistes se déchaînèrent en le présentant tantôt comme un niais, un indécis, un être falot, tantôt comme un ambitieux autoritaire. La charge continua ensuite. Nous avons déjà présenté des dessins sur ce thème, qui le représentent armé d’un bâton, ou ses partisans : voir les articles Chartiste anglais assommé par Louis Napoléon Bonaparte ; La société du 10 décembre, par Daumier (1850) ; Le bâton de Ratapoil.
Voici une autre caricature, de Rigobert, datée du 23 novembre 1848, intitulée « Ni l’un ni l’autre ». D’inspiration antirépressive, elle exprime qu’on ne veut ni du général Cavaignac (à droite, sur un canon, tenant un sabre, en souvenir de la répression qu’il mena en juin 1848 durant les émeutes), ni de L.N. Bonaparte (à gauche). Ce dernier chevauche un âne à l’envers, est coiffé d’un chapeau de gendarme et tient un énorme gourdin.
La gravure est extraite du magazine L’Histoire, n° 31, de février 1981.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci