L’un de nos correspondants a accepté de partager avec les visiteurs du CRCB l’une des belles pièces de sa collection, et nous l’en remercions vivement.
Il s’agit d’un brevet de maître de bâton délivré à Arras le 21 octobre 1820. Ce très beau document est très différent de cet autre brevet d’Arras daté de 1830, qui était magnifiquement calligraphié (voir l’article : Un brevet de maître de bâton d’Arras en 1830).
Le présent brevet est dessiné et colorié à la gouache, en teintes vives. Procédons à sa description de haut en bas.
En haut, le dessinateur a figuré les emblèmes de la monarchie (en 1830, c’est Charles X qui règne). Dans un cartouche surmonté d’une couronne sont placées trois fleurs de lys. Deux lances à droite et deux à gauche supportent les pans d’un drapeau blanc bordé d’or.
En dessous, sur un bandeau rouge frangé d’or on lit « GLOIRE A DIEU ». De part et d’autre, placés sur le haut de deux colonnes, figurent sur des pancartes les sentences habituelles des brevets : « Honneur aux arts » et « Respect aux maîtres ». Y sont accrochés des faisceaux de bâtons placés en sautoir.
La salle d’armes est pavée. Ses murs sont mi-partie en maçonnerie à appareil irrégulier ou en simili-marbre, et ils sont couverts de grands panneaux à moulures sur les trois quarts de leur surface.
Sept militaires en uniforme du 25e régiment d’infanterie de ligne observent l’assaut qui se déroule sous leurs yeux (sauf un, à droite, qui tourne le dos, ce qui est tout à fait insolite ; le dessinateur a voulu rappeler quelque chose au possesseur du brevet, mais quoi ?). Il y a également un civil.
Le personnage de gauche, genou fléchi, semble par un coup avoir fait sauter le bâton de la main de son adversaire qui se tient debout.
En dessous se trouve écrit le contenu du brevet :
« BREVET DE MAITRE
Nous maîtres de Bâton du 25e Régiment d’infanterie de ligne certifions qu’après nous être réunis dans la salle ordinaire de nos amusements il nous a été présenté le sieur Gomy (Gilbert) voltigeur au 3e bataillon dudit régiment, élève de notre collègue Garilland, lequel après l’examen sévère qu’il a subi en notre présence l’avons reconnu maître, lui ayant trouvé les qualités requises. En conséquence nous prions nos frères et camarades de lui prêter aide et assistance partout où besoin sera.
Arras le 21 8bre 1820 » (avec une petite incertitude sur 1820 ou 1828).
Suivent les signatures des quinze maîtres de bâton (orthographe incertaine) : Allouard, Battot, Gerbron, Chailloux, Vatton, Fleur, Marot, Papin, Mornay, Bourdelieu, Bussure, Pillavaine, Barbat, et deux autres illisibles à cause d’une déchirure en bas du brevet.
L’ensemble est dessiné de façon naïve ; les personnages ont des traits presque enfantins ou féminins ; les uniformes sont figurés avec précision. Ce beau brevet, qui s’ajoute à tous ceux figurant sur ce site, montre la diversité des documents de ce genre avant que les modèles imprimés ne s’imposent et ne les uniformisent.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci