Nous avons déjà évoqué l’écrivain Alphonse KARR (1808-1890), canniste et bâtonniste réputé, qui a souvent glorifié l’exercice du bâton dans ses œuvres (voir les articles qui lui sont consacrés en saisissant le mot KARR, à droite).
Il séjourna six mois en 1834 à Etretat (Seine-Maritime) et a fait connaître cette belle cité au public parisien, en décrivant ses falaises et en évoquant la vie de ses habitants dans plusieurs de ses livres. Etretat se transforma au cours des années qui suivirent, dessinant des jardins, transformant les maisons de pêcheurs en charmants cottages et embellissant les bords de mer. Une rue porte son nom et les photos illustrant cet article ont été prises à chacune de ses extrémités.
Voici un autre texte d’Alphonse KARR où le bâton se montre plus efficace qu’une carabine. Certes pas par sa pratique sportive et défensive, mais par son emploi rapide.
Il est extrait de « Devant les tisons » publié en 1857, et c’est d’ « Une histoire de voleurs » qu’est extrait ce passage. Son ami, le peintre Ferret, raconte son excursion dans les Pyrénées les plus sauvages.
« Mon voyage était alors fini, je n’avais plus que de légères difficultés à surmonter, lorsque je vis sortir de derrière une roche noire de la fumée et la lueur d’un feu. Je savais que les contrebandiers ne se font pas le plus mince scrupule de dépouiller les voyageurs, d’autant mieux que personne n’irait chercher le cadavre de la victime dans les précipices profonds où on le jetterait.
J’armai donc sans bruit un de mes pistolets ; j’assurai mon bâton ferré dans ma main droite, et je marchai vers le feu. Alors une tête s’éleva, et j’aperçus le canon d’une carabine tourné vers moi. Ce n’était pas le moment de crier à la garde, ni de me reposer sur une patrouille plus ou moins grise du soin de ma défense.
J’assénai un coup de bâton sur la carabine, que les mains qui la tenaient laissèrent échapper, puis je mis mon pistolet sur la poitrine du contrebandier. Mon mouvement avait été tellement rapide, et d’ailleurs il se croyait si peu vu, qu’il n’avait pas eu le temps de parer mon attaque. »
Ferret jette la carabine dans un ravin, puis, sous la menace de son arme, fouille le sac du contrebandier fou de colère, en prélève de quoi se nourrir et dessine son portrait tranquillement, avant de poursuivre son chemin…
La gravure qui illustre cet article est extraite du « Musée des familles » de novembre 1850, p. 49. Elle représente « M. Alphonse Karr examinant une bombe trouvée sous la mer », et illustre son texte « Au bord de la mer. Deuxième promenade ». A. Karr s’intéressa beaucoup, en effet, aux coquillages et poissons durant son séjour sur la côte normande, à Sainte-Adresse.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci