Le nom de la capitale de la Suède comporte un mot (stock) qui signifie « bâton », et qu’on retrouve dans les langues anglo-saxonnes : stick, en anglais, désigne une baguette, une canne légère et alpenstock, en allemand, la canne de marche des montagnards alpins.
Quel rapport avec la ville de Stockholm ? Voici ce qu’on peut lire dans la revue « Le Magasin pittoresque » de juin 1837, p. 172 :
« Il y a environ trois cents ans, le vice-roi Berger Iarl, ou comte Berger, qui gouvernait alors la Suède, résolut de s’immortaliser par la fondation d’une grande cité. Mais, embarrassé sur le choix d’un emplacement convenable, il ne voulut pas se fier aux conseils de son goût et de son jugement ; il préféra s’en rapporter au hasard. Il lança sur l’eau, à une extrémité du lac Malar, un morceau de bois ou long bâton, en faisant le serment qu’à l’endroit où il s’arrêterait il bâtirait une ville. Or, il advint qu’après avoir longtemps flotté de côté et d’autre au gré de la vague et du vent, le soliveau fut tout-à-coup arrêté, dans son paresseux et insouciant voyage, par une petite île. Fidèle à son serment, le vice-roi y fit élever une ville qui prit le nom de Stockholm (littéralement, « île de bois » ou « de bâton »).
C’est ainsi que la tradition populaire raconte la fondation de capitale de la Suède ; mais il ne faut pas toujours ajouter une foi entière aux traditions. »
De nos jours, les avis convergent sur l’idée d’une ville bâtie sur pieux, sur pilotis, pour expliquer le radical « stock ».
On remarquera que la légende de fondation se rattache à celles qui évoquent la construction d’une chapelle ou d’une église à la suite du lancer d’un objet, bâton ou outil le plus souvent. C’est le cas de l’église de Saint-Cirgues-la-Loutre (Corrèze), construite à l’emplacement de la chute du marteau du maître-maçon sur une loutre. Pour sa part, J. -M. Rougé, dans « Le Folklore de la Touraine » (1937), rapporte que saint Martin, étant à Candes (Indre-et-Loire), lança son marteau qui tomba entre Saint-Louans et Coulaine, sur la rive droite de la Vienne, là où on éleva une statue au saint.
Sur les noms de villes associées à un bâton, voir l’article LA CHAPELLE-BATON et ses commentaires.
L’illustration de cet article est une gravure relative à l’article du « Magasin pittoresque » de 1837.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci