La revue « Lectures pour tous » d’octobre 1907 consacre un long article illustré à « La gaîté à l’école des Beaux-Arts ». Y sont évoqués les coutumes d’intégration des nouveaux élèves, les bizuthages plus ou moins corsés, infligés aux nouveaux venus.
Parmi ceux-ci figure la « mise à la broche » qui se fait à l’aide d’une canne.
« Imbu du respect des anciens, le mystifié accepte généralement sans broncher ces inoffensives plaisanteries. S’il fait mine de protester, s’il se fâche, tant pis pour lui ! Lorsqu’il prendra son chapeau pour sortir, son front se remplira d’un épais enduit de couleur traîtreusement placé contre la coiffe. La paille de son tabouret habilement truquée s’effondrera sous lui, quand il voudra s’asseoir.
Ou bien on le mettra à la broche. Non pas, heureusement, à la façon des poulets. La broche n’est qu’une simple canne qu’on passe entre les jambes et les bras ficelés du patient, et qui le maintient dans une position de crapaudine fort inconfortable.
A deux, on élève la canne, on balance l’embroché, puis on le laisse seul dans l’atelier, en lui recommandant bien de ne pas danser, de peur d’incommoder les voisins.
Cham – le futur caricaturiste, alors élève à l’atelier Delaroche – faisait mieux. Il avait imaginé de ficeler le récalcitrant contre une planche, dans la pose d’un cul-de-jatte, et de le transporter au bout du pont des Arts, où il demeurait en perdition jusqu’au passage d’un homme de cœur. »
La photo illustrant cet article est un détail de l’une de celles de « Lectures pour tous » (p. 23), où les élèves sont présentés en plein chahut dans l’atelier auquel appartient le triomphateur du prix de Rome.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci