Il y a des horreurs qui traversent les époques et sont répandues un peu partout dans le monde. Celle de la décapition demeure, hélas, d’actualité. Maigre consolation, il semble qu’ait disparu la pratique qui suivait le supplice et qui consistait à exposer la tête du mort.
Sous la Révolution française, elle fut fréquente et avait pour but de montrer la fin d’une personne exécrée, livrée ainsi, privée de toute vie et de tout pouvoir, à la haine de la foule.
En Extrême-Orient, durant les guerres qui opposèrent les Occidentaux aux Chinois et Tonkinois à la fin du XIXe siècle, il était courant de décapiter les soldats blancs et de ficher leur tête au bout d’un bambou. Frédéric GARCIN raconte, dans « La Terre illustrée » du 19 novembre 1891 : « les cadavres des tirailleurs, sans têtes, horriblement mutilés, sont là, sur le bord du sentier. Les têtes de deux d’entre eux sont piquées au bout de longs bambous, avec une inscription annamite, menaçant les tirailleurs de subir tous le même sort. » Il s’agit là de terrifier l’ennemi.
Même les contes et légendes ne sont pas en reste. Au début du XIXe siècle, les frères Grimm ont recueilli un conte dénommé « Le ouistiti », où une princesse vit dans un château à douze fenêtres, d’où elle peut tout voir. « Elle fit proclamer que nul ne deviendrait son époux s’il ne savait se dissimuler si bien à ses yeux qu’il lui serait impossible de le découvrir. La tête serait tranchée à quiconque le tenterait mais serait découvert par elle, et fichée sur un pieu. Il y avait déjà devant le château quatre-vingt-dix-sept pieus portant une tête et pendant longtemps nul ne se présenta plus. »
Le légendaire de la franc-maçonnerie fait aussi état, au 10e degré d’ « Illustre élu des quinze », du supplice de deux des trois assassins de l’architecte Hiram, le maître d’oeuvre du temple de Salomon. Le premier a déjà été découvert et tué mais les deux autres ont pu être pris vivants. Ils sont jugés et condamnés par Salomon. Après d’horribles supplices, ils sont décapités et leur tête est exposée, avec celle du premier assassin, aux portes de Jérusalem. A la porte du midi, sur un pal, est placée celle de Sterkin, à l’occident celle d’Oterfut et à l’orient celle d’Abiram. Cette disposition a été figurée sur des tabliers, des gravures, des tableaux de loge. Celle qui est reproduite ici est issue du « Manuel maçonnique ou tuileur des divers rites de la Maçonnerie » de Vuillaume (1830).
Article rédigé par Laurent Bastard, qui n’ a pas perdu la tête pour l’occasion ! Merci