Nous avons vu lors d’un précédent article un pommeau de canne de compagnon tisseur-ferrandinier du Devoir. Voici un autre exemple de pommeau de canne de compagnon. Il s’agit cette fois de celle d’un sabotier du Devoir.
Ce pommeau à huit pans, en corne, est orné d’une pastille en os gravé. On y voit le « blason » des compagnons sabotiers du Devoir, composé d’un paroir et d’une hache à bûcher placés en sautoir. Cette hache de forme particulière, à manche en bulbe, lourd pour équilibrer la lame, servait à ébaucher la forme du sabot à partir d’un tronçon de bois posé sur un gros billot. L’autre outil emblématique du sabotier est le paroir. il s’agit d’une longue lame très tranchante, à un seul manche, dont l’extrémité en forme de crochet s’introduisait dans un anneau fixé sur le billot. Le sabotier promenait la lame sur toutes les faces de l’ébauche pour lui donner une forme presque définitive.
Dans les angles formés par l’entrecroisement des outils figurent les lettres C.S.D.D. suivies de trois points en triangle. Elles signifient : Compagnons Sabotiers Du Devoir. Les trois points constituent un exemple d’emprunt par le Compagnonnage au XIXe siècle aux usages de la Franc-Maçonnerie.
Sur le bord de la pastille, on lit également le surnom du compagnon : TOURANGEAU L’INTELLIGENT.
En dessous des outils, les deux initiales C. O. sont celles des nom et prénom du compagnon : CLEMENT Octave. Ce compagnon, établi à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire) est né le 15 août 1845 à Vouvray et a été reçu compagnon à Orléans le 15 août 1867. Sa canne a donc vraisemblablement été fabriquée cette année-là, car le premier souci d’un compagnon nouvellement reçu est de se munir des attributs de sa société : la canne et les couleurs (rubans).
Octave Clément a lui-même fabriqué une canne extraordinaire dont nous reparlerons lors d’un prochain article…
Photo musée du Compagnonnage de Tours. Droits réservés.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
[...] On en a un bon exemple avec la pastille du compagnon sabotier-formier JAUTROU, ici reproduite, si on la compare avec celle de la canne du compagnon sabotier CLEMENT (voir la photo illustrant l’article du 19 décembre 2010 : Les pommeaux de cannes de compagnons (2). [...]