Le 8 avril 1886, dans la commune industrielle de Châteauvillain (Isère), se produisit une violente bagarre entre des gendarmes et le personnel d’une usine de tissage de soie. Afin de faire respecter l’arrêté préfectoral qui obligeait le propriétaire à fermer une chapelle installée dans l’usine, lieu de culte non autorisé par la loi, les forces de l’ordre firent irruption dans la cour. C’est alors que les 200 ouvrières de l’usine se ruèrent sur les gendarmes pour les frapper avec des bâtons et des manches d’outils de jardinage.

Le patron, Jules Fischer, tire un coup de revolver, un gendarme riposte et le blesse, mais reçoit à son tour sur la tête le contenu d’un seau hygiénique. Aveuglé, il tire et tue l’ouvrière qui l’avait agressé. L’affaire de Châteauvillain fit grand bruit à l’époque, marquée par les conflits entre l’Eglise et la République.

Elle ne nous intéresse ici que par l’emploi massif des bâtons comme armes d’attaque et de défense, face aux pistolets et aux sabres. Arme primitive, efficace et d’emploi spontané, le bâton traverse les siècles et, de nos jours, lors des rixes entre bandes rivales, il refait périodiquement son apparition sous la forme des manches de pioche et des battes de base-ball.

La gravure a été publiée dans « L’Illustration » et reproduite dans l’article de Jean-William Dereymez et Régine Berthet : « Cléricaux et anticléricaux : l’affaire de Châteauvillain », paru dans la revue L’Histoire, n° 111, mai 1988, p. 51, d’où sont issues les informations ci-dessus.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci