L. PHILIPPON-LA-MADELAINE a publié en 1806 un ouvrage intitulé « Des homonymes français ou mots qui dans notre langue se ressemblent par le son et diffèrent par le sens ». Y figure, comme on pouvait s’y attendre, une entrée à « CANNE ». Voici ce qu’on y lit :
« CANNE, par deux n, est le nom générique d’un roseau qui a des noeuds. C’est aussi la dénomination d’une mesure de longueur : la canne équivaut à une aune deux tiers. C’est surtout ce bâton plus ou moins orné, sur lequel on s’appuie en marchant. Canne à pomme d’or ; donner des coups de canne, etc.
L’abbé Pellegrin passait dans la rue, couvert d’un manteau troué. Un élégant, dont la voiture était retenue par divers embarras, trouva plaisant d’envoyer son laquais demander à l’abbé Pellegrin quelle était la bataille où ce manteau avait été si maltraité. « A la bataille de Cannes, répondit l’abbé, en frappant de son bâton le laquais trop obéissant. Cannes est en effet une ville d’Italie au royaume de Naples, près de laquelle les Romains furent battus par Annibal.
C’est aussi le nom d’une ville située dans le département du Var, et qui a un petit port sur la Méditerranée. »
Ajoutons que l’abbé PELLEGRIN (1663-1745) était un poète, un librettiste et un auteur dramatique. Il passait pour être d’une « grande simplicité de moeurs », ce qui doit expliquer l’anecdote du manteau troué. Visiblement, il s’y connaissait aussi en homonymes et savait illustrer les mots par des gestes… (sur sa biographie, voir la notice que lui consacre Wikipédia).
Article rédigé par Laurent Bastard, merci