L’entrée des édifices sacrés est souvent précédée de gardiens figurés sous la forme de statues armées, de monstres, de lions ou autres animaux féroces. Nous avons déjà rencontré une statue armée d’un bâton à Java, devant le temple du Candi Sewu (voir l’article : Le gardien du temple au gourdin).
En voici un autre exemple, découvert dans « Le Journal illustré » n° 26, du 7-14 août 1864. Il s’agit des deux statues monumentales érigées à l’entrée de la pagode de Sommona-Kodam à Bankok, capitale du royaume de Siam. Elles sont armées d’énormes bâtons décorés, sortes de masses d’armes.
Sommona-Kodam, nous dit l’auteur de l’article, est « un roi-prophète qui monta sur le trône de Siam l’an 356 de notre ère. (…) Les deux géants qui grimacent à la porte sont de simples gardes du corps du saint roi, divinisés avec lui. »
L’auteur rapporte ensuite une anecdote relative à la croyance selon laquelle ces gardiens étaient en or massif. En 1685, le jésuite Gui Tachard eut vent de cette légende. « A quelque temps de là, le chevalier Claude de Forbin, alors grand amiral de la flotte siamoise et gouverneur de Bankok, s’arrête au seuil de la pagode. Trompé par les Siamois, il croyait fermement que les deux gardiens de la porte étaient en or massif. Il en mesure un, auquel il trouve quarante brasses de haut. Pendant que, sous le portique de la pagode, il se livre à ses calculs, le colosse, qu’une récente tempête avait ébranlé, tombe sur le nez et se fracasse la tête. Il était en plâtre et n’était pas même doré : une couche de laque jaunâtre imitait le précieux métal. »
Il faut croire que la tête du géant avait été reconstruite car elle était en place en 1864, d’après la gravure illustrant l’article du « Journal illustré ».
Article rédigé par Laurent Bastard, merci