Les progrès techniques du XIXe siècle, ainsi que le coût assez élevé d’une canne, ont conduit des fabricants à imaginer des cannes… en papier ! Voici ce que rapporte l’auteur d’un intéressant article intitulé « Tout en papier », p. 75-80, dans le magazine « Lectures pour tous » d’octobre 1909.

L’auteur décrit les multiples utilisations du papier collé et compressé, pour réaliser des moulages, des mannequins, des jouets, des roues, des bibelots, etc., ainsi que des cannes :

« Supposons maintenant qu’on augmente par la compression la force du papier moulé. Qu’est-ce qu’une feuille de papier ? Un souffle, un rien. Mais à cette première feuille si vous en accolez une seconde, puis une troisième, puis une quatrième, leur robustesse augmente peu à peu. C’est la fable bien connue des baguettes rassemblées en faisceau qui, sans force si on les prend une à une, deviennent, par l’union de leurs faiblesses, indestructibles.

Une application classique de ce principe est la fabrication des cannes en papier. M. Foy, qui exécuta devant nous une canne de ce genre, a bien voulu nous en expliquer le procédé de fabrication. Vous enfilez autour d’une tige de fer des rondelles de papier buvard – l’adhérence est meilleure avec ce genre de papier – et vous comprimez, au fur et à mesure, à l’aide d’un écrou et d’une clef anglaise. Les rondelles s’aplatissent, s’amalgament les unes aux autres, sans l’emploi d’aucune colle, par le fait seul de la pression exercée et, avec 3 à 4000, vous obtenez une canne de longueur ordinaire. Il n’y a plus qu’à l’envoyer au tourneur qui la travaille et la polit comme il ferait d’un simple morceau d’acajou.

Moulez donc et comprimez à la fois avec une presse à vis puissante, puis, pour que le durcissement soit parfait, cuisez à l’étuve, à 80 degrés environ, entre des plaques de tôle qui empêchent le racornissement et maintiennent en forme ; vernissez finalement avec des laques luisantes et imperméables à l’eau. Les objets obtenus pourront alors rivaliser avec les produits similaires en bois, pierre, zinc, faïence ou porcelaine. »

Les premières cannes en papier semblent avoir été inventées à la fin du XIXe siècle par un nommé Marinier, à Paris. Quelqu’un connaît-il des exemplaires de ces cannes dans des collections publiques ou privées, ou mentionnées dans des ouvrages spécialisés sur les cannes ?

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci