Les conscrits partaient de chez eux pour le conseil de révision ou leur service militaire, une canne à la main. Elle était utilitaire et festive, lors des arrosages qui suivaient le tirage au sort ou l’examen sanitaire favorable.
Mais elle pouvait devenir l’instrument de la révolte. C’est ce qui s’est passé en Alsace-Lorraine, selon le Petit Journal n° 311 du 1er novembre 1896.
L’Alsace et une partie de la Lorraine étaient annexées par l’Allemagne depuis la défaite de 1870. Les jeunes gens devaient donc accomplir leur service militaire sous le drapeau impérial.
Or, en 1896, ils se révoltèrent. Le Petit Journal rapporte l’incident : « Le joug des Allemands est insupportable en Alsace-Lorraine et c’est pour cela que les conscrits de la région emmenés de force en Allemagne se sont rebellés, ont tout brisé dans les gares de Rastadt, Carlsruhe, Heidelberg, ont bousculé les sous-officiers qui les conduisaient. »
Et le Petit Journal d’ajouter : « On ne dira plus que ce sont des vieux Français qui n’oublient pas les temps d’autrefois ; c’est la jeune génération, celle qui a vingt ans, celle qui est née cinq ans après la guerre, c’est elle qui proteste à son grand danger. »
L’image de la première page nous montre bien les cannes des conscrits en action, malgré l’intervention des « casques à pointe ».
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
[...] La canne du conscrit de l’image est un bâton de marche à gros bout rond reposant sur le sol. C’est le bâton qui va l’accompagner jusqu’à ce qu’il ait rejoint son régiment à pied. A l’occasion, il pouvait lui servir à se défendre ou à manifester sa colère, comme on l’a vu dans l’article Coups de canne des conscrits alsaciens. [...]