On sait qu’en Chine la pratique de bander les pieds des filles pour qu’ils demeurent très petits eut cours jusque dans l’entre-deux-guerres. Cette mutilation, qui était surtout pratiquée dans les classes moyennes et aristocratiques, conférait aux femmes une démarche hésitante et séduisante appréciée des hommes.
Pour facilter leur marche, elles utilisaient des cannes, selon le Musée des familles de septembre 1856, p. 45. On lit en effet dans l’article « Le musée chinois à l’exposition universelle de 1855 :
« Et d’abord, allons au-devant de ces Chinois aux yeux étirés, aux robes flottantes, aux tresses interminables, qui nous attendent depuis trois mois au palais Montaigne, pour nous montrer les curiosités de Pékin, de Nankin et du Fleuve Jaune (…). On voit aussi un grand nombre de cannes surmontées d’une pomme sculptée en magot, en sphinx, en salamandre, en dragon, et qui sont en bambou noir ou blanc, en bois de thé, en figuier, en laurier, en lianes ; ces cannes servent aux dames aux petits pieds, lesquelles ne pourraient sans ce secours se traîner dans leurs appartements. »
Quelqu’un connaît-il d’autres témoignages sur ces cannes particulières ? Existe-t-il des musées où elles sont conservées et exposées ?
L’illustration est extraite du Magasin pittoresque de février 1870 et représente l’intérieur d’une pagode ; on y voit des Chinoises aux petits pieds busqués, parfois montées sur des socques à hautes semelles de bois, mais elles ne tiennent pas de cannes.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci