Beaucoup de rites et cérémonies sont associés à l’emploi d’une baguette, d’une canne ou d’un bâton. Dans le christianisme, deux concernaient l’absolution, c’est-à-dire le pardon des péchés ou la constatation de leur inexistence.
Dans les « Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde », publié en 1723, de longs chapitres concernent les pratiques redoutables de l’Inquisition. Le récit d’un nommé Dellon, accusé injustement d’impiété à Goa, possession portugaise aux Indes, comporte ce passage où il est question de l’emploi d’une houssine (baguette) à la fin de la levée de la procédure d’excommunication :
« Après qu’on eut lu les procès de tous ceux à qui l’on faisait grâce en leur sauvant la vie, l’inquisiteur quitta son siège pour se revêtir d’aube et d’étole ; et étant accompagné d’environ vingt prêtres, qui avaient chacun une houssine à la main, il vint au milieu de l’église, où après avoir récité diverses prières, nous fûmes absous de l’excommunication qu’on prétendait que nous avions encourrue, moyennant un coup de houssine que ces prêtres donnèrent à chacun de nous sur son habit. »
Curieux rite, qui s’assimile à une sanction légère (le coup de baguette) alors que l’accusé vient d’être innocenté !
Un autre auteur (anonyme) nous renseigne sur l’exécution d’un rite semblable destiné à l’absolution des péchés véniels. Dans les « Observations sur l’Italie et sur les Italiens, données en 1764, sous le nom de deux Gentilshommes suédois » par M. G… (1774), p. 209, les pratiques de la foi chrétienne à Notre-Dame de Lorette sont longuement décrites. Voici le passage qui nous intéresse :
« L’aile gauche de l’église est ocupée par les confessionnaux des Jésuites pénitenciaires. Il y en a un pour chaque langue (des pèlerins) qui est dirigée dans le choix par une étiquette que porte chaque confessionnal. Les Pénitenciers passent là la matinée en faction, chacun ayant à la porte de sa guérite une grande houssine noire, dont ils frappent la tête de ceux qui, n’ayant point de péchés mortels, expient les véniels par cet acte d’humilité, pour lequel ils se présentent à genoux vis-à-vis le premier confessionnal, à la portée de la houssine. »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci