Nous avons découvert cette sympathique carte-photo qui paraît datée des années 1910-1930 (au plus tard). Elle n’est pas localisée et n’a pas voyagé.
On y voit un groupe de 10 conscrits reconnaissables pour la plupart à de petits insignes à la boutonnière, dont on ne peut malheureusement pas lire le texte. Ils sont en tenue du dimanche. A droite se trouve le tambour qui a conduit tous les « gars » en défilé à travers les rues de la ville. Au premier plan, au centre, se trouve placé le maire du village, ou bien plutôt un conscrit président du groupe, revêtu d’une écharpe et d’une ceinture. Il tient, couchée sur ses cuisses, la grande canne de tambour-major à pomme de cuivre et cordelière. Un autre conscrit, à gauche, en tient l’extrémité.
Ce qui nous a intrigué, c’est la présence de 14 femmes, assez jeunes pour la plupart. Au premier rang, elles s’intercalent entre chaque homme : 4 et 4 alternés. Il en est de même au 2e rang. Au dernier, se trouvent 6 femmes et 2 hommes.
Qui peuvent-elles être ? Pas leur mère, assurément : elles sont trop jeunes. Leur fiancée ? Peut-être, à supposer qu’ils en aient tous eu une à 20 ans. Et pourquoi y a-t-il 4 femmes sans homme ?
Risquons une hypothèse. On sait qu’à l’issue du conseil de révision, les conscrits étaient, soit « exemptés » soit « bons pour le service ». Ce qui était aussi traduit par « bons pour les filles » ! (des cartons imprimés, des insignes, portaient cette formule, et les conscrits les arboraient pour faire le malin devant les filles du village !).
Alors, qui sont ces « filles » ? Ne seraient-elles pas les pensionnaires d’une « maison » (de tolérance), un bordel, pour dire les choses sans fard ? Cela n’aurait rien d’impossible, car on sait qu’à l’issue du conseil de révision, les jeunes hommes faisaient la tournée des bistrots et allaient prouver leur virilité auprès des dames, et surtout celles de petite vertu…
Une fois la grande canne ramenée à l’horizontale et les bâtons au repos, il était temps de poser pour la photo en compagnie des pensionnaires de la « maison », sous l’œil de la patronne, qui était peut-être celle qui se tient au centre, au milieu du deuxième rang, en corsage blanc et foulard noué autour du cou…
Un visiteur du site connaîtrait-il des documents analogues ?
Article rédigé par Laurent Bastard, merci