Voici une version très primitive d’un jeu – si on peut appeler ça un jeu ! – où intervient un bâton. Sa description a été publiée dans la revue « Le Magasin pittoresque », n° 35 de 1834, p. 275 :
« Jeu du cochon. – En 1425, pendant qu’une partie de la France était tombée momentanément au pouvoir des Anglais, après de longues et terribles guerres, on vit à Paris les habitudes, les coutumes et les jeux de la nation victorieuse prendre un instant faveur dans le peuple.
Entre autres jeux, on donna aux Parisiens le spectacle d’un amusement empreint d’une cruauté bizarre. Le dernier dimanche d’août 1425, dans l’hôtel d’Armagnac, situé rue Saint-Honoré, et sur une partie de l’emplacement des bâtiments du Palais-Royal, on avait fait dresser un champ-clos, où l’on enferma quatre aveugles armés de gros bâtons, et couverts d’une armure. Avec eux se trouvait également enfermé un cochon destiné à celui des quatre combattants qui viendrait à bout de le tuer.
L’historien contemporain qui nous a conservé ces détails, et qui était un riche et considérable bourgeois de Paris, assistait sans doute à cette fête qu’il appelle une « bataille étrange », et qui réjouit fort les assistants.
A un signal donné, les quatre aveugles, agitant en l’air leurs « masses » ou bâtons noueux, s’avancèrent au hasard pour frapper l’animal, dont la mort seule devait finir le combat. Aux grognements répétés de la victime, chaque fois qu’ils s’approchaient du côté où ils avaient entendu sa voix, chacun d’eux, accourant à la fois et frappant au hasard, portait de rudes coups, recevait tour à tour et faisait des blessures d’autant plus terribles qu’il était impossible de les parer.
Si l’on en croit le bourgeois, auteur du « Journal de Paris, sous Charles VI », ce jeu ne fit pas fortune. Cette lutte d’aveugles, où ni la force ni l’adresse ne pouvaient trouver leur place, et qui semblait moins un combat qu’un massacre, révolta bien plus qu’elle n’amusa. Quant aux aveugles, « ils se donnèrent, dit l’auteur, de si grands coups de bâton que dépit leur en fut ; car quand le mieulx cuidoient (croyaient) frapper le pourcel, ils frappoient l’un sur l’autre ; s’ils eussent été armés pour vrai, ils se fussent tués l’un l’autre… ».
Article rédigé par Laurent Bastard, Merci
Et ce n’est pas un poisson d’avril !!