C’est un thème récurrent de la littérature et des beaux-arts que celui du singe imitateur de l’homme. Nous avons déjà évoqué ce thème lorsque l’animal est considéré comme apte à tenir un bâton et s’en servir comme d’une arme, ou bien une canne, comme un gentleman. Voir les articles : Le bâton et l’orang-outang et Canne et bâton pour singes.
En voici une nouvelle occurrence, d’un genre un peu différent.
Il s’agit d’un tableau du peintre Philippe Rousseau, reproduit sous forme de gravure dans l’hebdomadaire « Le Monde illustré » n° 214 du 18 mai 1861. Nous l’avons recadrée sur le sujet central. L’oeuvre a été présentée au Salon de 1861 et a fait l’objet d’une longue critique, positive, signée Castagnary. Il décrit la scène : le propriétaire est sorti et a laissé son singe dans la pièce. Celui-ci, habitué à voir son maître se servir des instruments de musique, a délaissé le violon pour le tambour. « La frénésie le prend, le bruit l’enivre : il frappe, il frappe. Déjà il ne choisit plus l’endroit. Il frappe sur la caisse, il frappe sur le pupitre, il frappe sur la partition, partout, à deux mains, terriblement, furieusement, éperdument. Il frappe comme un sourd, à en perdre l’haleine, à en devenir fou. C’est une rage et un délire.
Je ne sais rien d’amusant et d’habile comme cette toile, que Philippe Rousseau désigne sous le nom de « Musique de chambre ». L’exécution est aussi remarquable que l’idée est plaisante. »
Philippe Rousseau (1816-1887) a peint des paysages, des natures mortes et des sujets animaliers. Dans ce tableau, il met en scène un singe qui ne peut comprendre l’usage véritable de la baguette de tambour, à l’inverse du bâton tenu par l’orang-outang, qui s’en servirait (selon les auteurs du XIXe siècle) comme un véritable bâtonniste !
Article rédigé par Laurent Bastard, merci
NB: cela nous rappelle l’humilité nécessaire à la pratique du bâton