Dans un article publié le 24 avril 2009 sur son blog, Bernard Teyssèdre expose le résultat de ses recherches sur la date du célèbre poème d’Arthur Rimbaud : « Voyelles ». L’écrivain en vient à évoquer le fameux dîner des « Vilains Bonshommes », cercle de poètes de la mouvance parnassienne, auquel participait Rimbaud, et qui tourna mal…

Le 2 mars 1872, le dîner avait été bien arrosé. Bien trop… Chacun lisait ou récitait l’une de ses oeuvres. C’est alors qu’un esclandre se produisit. Rimbaud, à l’écoute d’un poème qu’il jugeait manifestement barbant, se mit à crier sans interruption « merde, merde, merde… ».
Le photographe Etienne Carjat, qui se trouvait présent, aurait « haussé les épaules de dégoût » et aurait demandé à l’effronté de se taire.
Rimbaud reprit ses vociférations de plus belle. Il se serait vu intimer l’ordre de « fermer sa gueule » et Carjat l’aurait traité de « petit morveux ». C’est alors que, fou de rage, il s’empara de la canne-épée d’Albert Mérat, un autre poète, et qu’il blessa légèrement le photographe, avant de se faire expulser de la salle, et définitivement des dîners du cercle.

Verlaine, rapportant l’incident bien plus tard, en 1895, écrivit que Rimbaud « se saisit d’une canne-épée à moi qui était derrière nous » et fit à Carjat « une éraflure très légère à une main (…). J’arrachai la lame au furieux, la brisai sur mon genou », avant de faire reconduire le « gamin » chez lui. (version contestée par B. Teyssèdre).

L’histoire se répète à travers des personnages moins célèbres et avec d’autres instruments, question d’époque : de nos jours, la chronique des faits divers fait régulièrement état de blessures, voire de morts, provoquées par des couteaux de cuisine ou des armes à feu, lors de dîners alcoolisés…

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci