A lire l’article « Le carnaval », paru dans « Le Musée des Familles » de juillet 1877, il se pratiquait au Moyen Age et au-delà toutes sortes de divertissements durant les festins donnés en cette période. L’auteur de l’article, qui signe Etienne MARCEL, cite à ce sujet le chancelier Michel de L’Hospital (1505-1573) :
« Des jongleurs exécutaient des tours de passe-passe ; des athlètes se mesuraient à la lutte au pugilat. Rien n’est nouveau sous le soleil : nos ancêtres, en ces jours joyeux, applaudissaient chaudement les « clowns » de ce temps-là, les pitres, les paillasses. Le chancelier de l’Hôpital, – pour ne citer qu’un illustre exemple, – mettait de côté pour une heure sa gravité, son habituelle austérité et la tristesse que lui inspiraient les désastres de la guerre civile, pour célébrer en vers latins élégants et choisis les mille et un tours variés par lesquels un Léotard ou un Debureau de cette époque égayait et prolongeait un beau festin de carnaval :
» (…) Soudain, il se redresse, s’allonge et s’élance : ses pieds ne foulent plus le sol ; il s’élève loin de la terre, à l’extrémité d’un long bâton, qu’il saisit, qu’il retient entre ses deux genoux, et autour duquel il tourne et vire sans repos, ainsi qu’une énorme toupie. Ce tour d’adresse excite une admiration générale ; ce brillant succès provoque une ardente émulation. Ecuyers, pages, valets présents à la charmante fête, se saisissent chacun d’un bâton, et, à qui mieux mieux, grimpent, tournent, ; mais la plupart d’entre eux échouent dans cette aventureuse entreprise ; tous chancellent, hésitent, trébuchent, tombent et s’éparpillent sur le parquet de la salle, sur la table du banquet, aux grands éclats de rire des assistants et au détriment de la vaisselle. »
Ce tour d’équilibriste se pratique encore et il n’est pas rare de voir les artistes de grands cirques ou de music-hall escalader un bâton devenu aujourd’hui un tube de métal, s’y maintenir et accomplir de gracieuses figures à son sommet sans chuter.
Un mot sur les noms cités au début du texte : Jules Léotard fut un célèbre gymnaste et trapéziste des années 1840-1860 ; Debureau était un non moins célèbre mime de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir l’article La canne assassine du mime Debureau).
La gravure illustrant cet article est due au dessinateur E. Morin et figure dans l’article sur le carnaval du Musée des familles (juillet 1877), p. 209.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci