Il n’y a pas qu’en France qu’il existe des associations de compagnons de métiers. En Allemagne et en Suisse, au Danemark et dans les pays scandinaves, et autrefois dans toute l’Europe orientale, jusqu’en Pologne, Roumanie, dans l’ancienne Yougoslavie, existent ou ont existé des associations de compagnons de divers métiers : des charpentiers, tailleurs de pierre, maçons, couvreurs, menuisiers, mais aussi de cordonniers, tanneurs, cordiers, forgerons, serruriers, charrons, maréchaux-ferrants, boulangers, etc.
En dehors de leur obligation de voyager durant une durée minimum et d’une cérémonie de réception, leurs usages diffèrent de ceux des compagnons français. Nous évoquerons dans un autre article leurs cannes torses très particulières.
Aujourd’hui nous donnons la photo d’un « bâton de commandement ». Cet accessoire est l’apanage du compagnon élu pour une durée déterminée pour présider les assemblées de compagnons. A la fin de sa charge, le président sortant le remet à son successeur.
Nous ignorons en quelle occasion le président l’utilise (peut-être comme un maillet pour frapper sur le bureau devant lequel il se trouve).
Il en existe de formes différentes mais tous semblent mesurer une cinquantaines de centimètres. A une extrémité sont accrochés des rubans étroits de diverses couleurs.
Il semble que certains aient été spécialement fabriqués pour présider des fêtes particulières ou des rassemblements intercompagnonniques.
Celui de la photo jointe à cet article est celui des compagnons de Lörrach, à la frontière alémano-suisse et date des années 1950. Son fût est sculpté en forme de torsade à trois spires et peint de filets colorés. Une extrémité est constituée d’une boule et d’une sorte d’octaèdre, entre lesquels sont accrochés des rubans ; l’autre est en forme de gland.
Le musée du Compagnonnage de Tours conserve un autre bâton de commandement de 54, 5 cm de longueur et de forme différente car le fût n’est pas torsadé mais à peu près cylindrique, ou plutôt en forme de quille. Une extrémité est en forme de boule, l’autre en forme cube allongé (8 x 5 cm). Des rubans sont aussi appendus au niveau du resserrement qui précède la boule.
Sur deux faces du cube sont fixés des médaillons circulaires et carrés où sont gravés : « Genridmet von der Vereinnigung der fremden Maurer und Zimmerergesellen » (il concerne les compagnons maçons et les compagnons charpentiers, mais nous ne savons traduire le reste de l’inscription). Une autre plaque comporte : « Hansastadt Hamburg 14-11-1952 ». Les médaillons circulaires sont gravés du blason des charpentiers (un compas, deux haches, une scie passe-partout) et des maçons (un compas, deux marteaux, une truelle et une équerre en triangle fermé).
Un lecteur connaissant bien les coutumes des compagnonnages germaniques pourrait-il nous donner davantage d’informations ?
Article rédigé par Laurent Bastard, merci