Baden-Powell, fonde avec le scoutisme une méthode pédagogique basée sur le campisme et la vie en autonomie des adolescents. Il décide de scinder en trois branches son scoutisme, chaque branche correspondant à un âge et à un apprentissage particulier :
- Les louveteaux (8-12 ans) essaient de faire « de leur mieux » et apprennent à vivre ensemble en suivant l’histoire du Livre de la Jungle de R. Kipling.
- Les éclaireurs (12-17 ans) promettent d’être « toujours prêt » et développent leur débrouillardise à travers toutes sortes de camps, jeux et explorations.
- Les Routiers (17-23 ans) correspondent à une branche très peu connue du grand public mais qui se veut être l’achèvement de la formation scoute car on s’y lance dans la vie adulte en promettant de « toujours servir ».
L’idée de ces Routiers est de considérer la vie d’adulte et le monde comme une vaste Route (avec majuscule) à parcourir et à contempler. Une Route où le scout accompli, devenu adulte, servirait l’humanité au mieux de ses capacités… Vaste programme !
Dans les faits, chaque routier organise son Départ-Routier après une période de plusieurs années de réflexion et de services. Il s’agit d’une cérémonie nocturne où il convie ses amis et sa famille et où il s’engage de manière très solennelle à une vie d’adulte faite de service et de solidarité.
Là il va y recevoir plusieurs objets, hautement symboliques. Parmi ceux-là se trouve un bâton fourchu, particulièrement important.
Voici le texte de la cérémonie du Départ-Routier en France, vous y constaterez l’importance de cet objet symbolique…
Cérémonie du départ-Routier (Les Routiers et leur chef (appelé Chef de Clan ou CC) sont placés en cercle, la famille et les amis juste derrière, le routier qui prend son départ est au milieu, avec un sac à dos vide, il doit faire nuit)
C.C. : X…. tu vas prendre ton Départ. Tu veux mener ta vie à la manière et dans l’esprit des Routiers. Avant de recevoir ton engagement devant notre Communauté, je vais te rappeler les principales exigences de la Route. As-tu compris que pour justifier l’espérance que Dieu a mise en toi, tu dois t’imposer une discipline de vie?
Routier : Oui.
C.C. : Veux-tu n’être esclave ni de tes caprices et ni de ton confort et avoir toute ta vie une âme de pauvre?
Routier : Oui.
C.C. : As-tu compris, par notre amour de la nature et du camp, qu’un Routier ne se paie pas de mots? Promets-tu de conformer tes actes et tes pensées aux exigences du réel?
Routier : Je le promets.
C.C. : As-tu compris, par la communion à la joie et à la peine des hommes que nous recherchons dans nos entreprises et dans nos services que la vie est à prendre au sérieux, que tout acte d’un Routier compte et engage?
Routier : Oui.
C.C. : As-tu compris, à travers nos activités, qu’un Routier a l’amour passionné de la vérité, qu’il ne se contente pas d’à peu près, ou de la possession tranquille des vérités toutes faites? Veux-tu, en toutes choses, rechercher humblement la vérité et librement la servir, sans écraser autrui sous le poids de ta découverte?
Routier : Je le veux.
C.C. : As-tu compris, à travers l’amitié fraternelle et les rencontres que tu fais chaque jour, que tout homme est un être unique, et que dans les plus disgraciés comme dans les plus obscurs, luit une étincelle divine qui mérite ton amour? Es-tu prêt à ne mépriser personne, à t’entretenir fraternellement avec chacun, à apprendre de tous?
Routier : Oui.
C.C. : As-tu compris, à travers tes défaillances, que tu n’as pas à condamner les hommes, mais que tu leur dois la bienveillance que Dieu Lui-même te prodigue? Promets-tu de rechercher dans les autres, pour la gloire de Dieu, ce qu’ils ont de bon, et de les aimer, avec leurs défauts et leurs imperfections?
Routier : Oui
C.C. : Enfin, es-tu décidé, autant que tu le pourras, à t’engager dans une vocation au service de tes frères les hommes?
Routier : Oui.
Le Routier s’avance devant le Chef de Clan et pose son sac devant lui.
C.C. : Que Dieu te donne la grâce de persévérer dans ton engagement. Que le péché, les désillusions, l’argent et les honneurs n’émoussent pas ta vocation. Que grâce à Dieu, tu restes toujours jeune.
Routier : Je sais que la grandeur de l’homme est sa fidélité. Connaissant ma faiblesse, je demande à Dieu sa grâce et m’engage à vivre en Routier.
C.C. : Sois Routier en marche dans la Communauté des Hommes.
Reçois ce pain, nourriture pour ta route et signe de la solidarité humaine. Il t’invite au travail, au partage, au combat pour la justice. N’oublie pas qu’il est un autre Pain plus nécessaire encore à la vie!
Le Chef de Clan remet au Routier une boule de pain et le Routier le met dans son sac.
Reçois cette tente, abri pour ta route. Elle te rappellera que nous n’avons pas sur terre de demeure permanente.
Le Chef de Clan lui remet une tente et le Routier charge son sac sur son dos.
Reçois ce bâton fourchu, image du bien et du mal entre lesquels tu auras à choisir, choisis bien toujours.
Le Chef de Clan lui tend le bâton fourchu, le Routier le prend en main.
Reçois cette flamme qui dissipe les ténèbres de ta route. Cherche et rayonne la vérité, car en toi vit le Seigneur, Lumière du monde.
Le Chef de Clan lui remet une torche allumée.
Reçois enfin ces flots portés par tous les Routiers du monde. Ils évoquent ce qui, en toi, de chaque âge, ne doit jamais mourir :
• Jaune, couleur des louveteaux, couleur du soleil, pour que la joie illumine ceux qui t’entourent.
• Vert, couleur des éclaireurs, de tout ce qui grandit, pour que l’espérance toujours t’entraîne plus loin.
• Rouge, couleur des routiers, couleur du sang et de l’amour, pour que tu n’épargnes ni l’un ni l’autre au long des jours que Dieu te donnera ; et fais ce que tu voudrais avoir fait à l’heure de la mort.
Le chef de clan lui attache les flots (des bouts de rubans) sur l’épaule.
En silence le cercle des routiers s’ouvre alors, le Routier part alors sans se retourner, les routiers commencent à chanter l’Appel de la Route mais le refrain est chanté seulement par le Routier qui fait son départ, sa voix s’éloignant de plus en plus, au fur et à mesure de sa marche dans la nuit, seulement éclairée de sa torche enflammée.
Article rédigé par Mathieu Guerry, merci