Le bâton est l’insigne de la puissance et de l’autorité et, à ce titre, il est associé à divers rites. En voici un nouvel exemple, tiré des « Mémoires du peuple français depuis son origine jusqu’à nos jours », t. III, 1867, par Augustin CHALLAMEL (p. 200-201).
Lors du concile de Reims (22 mars 1148), présidé par le pape Eugène III, comparurent divers individus convaincus d’hérésie. L’un d’eux se nommait Eon de l’Estoile, gentilhomme du pays de Loudéac, en Basse-Bretagne.
Il se disait le fils de Dieu, venu pour juger les vivants et les morts. Doué de pouvoirs mystérieux, il faisait apparaître des tables abondamment garnies de plats, mais quiconque y touchait était frappé de fureur divine. Il commençait à former des prosélytes en parcourant le pays, lorsqu’il fut arrêté et conduit au concile.
« Eon s’y présenta, appuyé sur un bâton fourchu. On l’interrogea à propos de ce bâton ; on lui demanda pourquoi il s’en servait. « C’est un grand mystère, répondit-il. Lorsque je tiens ce bâton les deux pointes en l’air, Dieu a en sa puissance les deux tiers du monde et me laisse maître de l’autre tiers ; mais si je tourne les deux pointes vers la terre, alors j’entre en possession des deux tiers du monde, et je n’en laisse qu’un tiers à Dieu. »
Considéré comme un fou, il fut jeté en prison, où il mourut peu après. Son bâton ne lui avait pas permis d’échapper au pouvoir des hommes…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci