C’est sous ce nom qu’on désignait la baguette ou verge tenue par les « médecins de peste ». Lorsque les grandes épidémies ont ravagé l’Europe du XIVe au XVIIIe siècle, les autorités municipales ont eu recours à de courageux médecins pour examiner et soigner les malades. La baguette permettait d’écarter un vêtement, de soulever un linge, sans contact direct avec le pestiféré (au sens premier du terme).
A Genève, en 1570, le médecin porte déjà une gaule en main mais son costume se normalise à partir du début du XVIIe siècle, sur les recommandations, croit-on, de Charles de l’Orme, médecin de Louis XIII. Les médecin de peste sont revêtus d’un grand manteau, d’une cagoule, de chausses et de bottes empêchant l’introduction des puces, d’un masque à grand bec recourbé (dit à bec de corbin), enfermant un mélange d’herbes aromatiques censées être antiseptiques.
Ils utilisent une baguette de couleur blanche ou rouge dite « canne de saint Roch ». Ce nom semble avoir été usité en 1720 lors de la grande peste de Marseille. La baguette blanche est attestée à Anvers et à Poitiers, la rouge à Lille.
Pourquoi « canne de saint Roch » ? Parce que saint fut lui-même atteint de la peste et il est d’ailleurs toujours représenté dans l’iconographie chrétienne et la statuaire en train de relever un pan de son manteau jusqu’au haut de sa cuisse pour montrer son bubon pesteux (en fait, ledit bubon étant placé à l’aine, le saint ne remonte pas son manteau jusque-là par décence).
Sur saint Roch, voir l’article : Le bâton de pélerin de saint Roch par Titien (vers 1510) .
Le présent article a été rédigé à partir de celui de l’Encyclopédie Wikipédia sur les Médecins de peste et du chapitre « La garde-robe et l’uniforme » (page 141) du livre de Paul DELAUNAY : La vie médicale aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (1935).
L’illustration est issue de l’Encyclopédie Alpha, numéro du 3 septembre 1969, entrée « Epidémie ».
Article rédigé par Laurent Bastard, merci