Nous avons déjà évoqué la sarbacane, qui est bien une sorte de canne, mais dont l’étymologie n’est pas la même. Et voilà qu’une pléiade de grands savants du siècle des Lumières (Monge, Cassini, Bertholon, Hassenfratz, etc.) décrivent dans l’Encyclopédie méthodique, tome second (1816), p. 232-233, un instrument qu’ils désignent sous le nom de « canne à vent »…et qui ressemble beaucoup à la sarbacane. Mais pourquoi donc n’emploient-ils pas le mot ?

« CANNE A VENT.
Canna ventilosa, wind stock. Espèce de canne intérieurement creuse, et par le moyen de laquelle on peut, sans le secours de la poudre, chasser une balle avec violence, en y adaptant un réservoir qui contienne de l’air comprimé, et une batterie propre à ouvrir le réservoir instantanément.
La construction de la canne à vent est fondée sur le même principe que celle du fusil à vent ; la différence qui existe est que la canne à vent est séparée de sa crosse et de sa batterie, et a la forme d’une canne ordinaire (…)
Souvent on fait usage de la canne à vent, sans y adapter la crosse qui en forme une espèce de fusil ; on approche de la bouche une des ouvertures de la canne, et l’on souffle dedans avec force. Les corps légers qui sont placés dans l’intérieur sont alors chassés avec une vitesse plus ou moins grande. On peut mettre dans l’intérieur du tube soit des corps ronds, des pois, de petites boules d’argile, soit de petites flèches formées d’une tige, d’un bâton armé d’une pointe à l’une des extrémités, et d’un morceau de peau flexible, du diamètre de l’intérieur à l’une des extrémités. La seule condition à remplir, c’est qu’ils puissent s’y mouvoir facilement. Lorsque l’on est habitué à faire usage de ces sortes de cannes, on peut atteindre avec précision le but vers lequel on dirige les projectiles. Quelques personnes chassent aux oiseaux avec des cannes à vent. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci