Dans l’article Le bâton blanc des agents de la paix, nous avons signalé que cet équipement des policiers était apparu en 1896 lorsque le préfet de police Lépine avait décidé de réorganiser ses agents.
Le journaliste, auteur de l’extrait de presse reproduit, estimait qu’on avait, à tort, comparé cet « inoffensif mirliton » au bâton des policemen anglais, qui tenait plutôt du « casse-tête ». Un casse-tête ? Voire, car quelques années auparavant il apparaissait plutôt comme une baguette magique.
Le bâton des Anglais était apparu en 1829, avec la réforme de la police de Londres par Robert PEEL, qui fit naître la Metropolitan Police. Ce simple bâton, assez court, était en soi une révolution, comme le rapporte Quentin DELUERMOZ, auteur d’un intéressant article intitulé « Le sergent de ville parisien face au policeman londonien, un « modèle » insoutenable (1854-1913) », publié dans le recueil « La France et l’Angleterre au XIXe siècle : échanges, représentations, comparaisons. » (2006).
Voici un extrait de cette étude, qui met en parallèle le bâton des policemen avec l’épée des sergents de ville : « Enfin, les auteurs insistent sur l’attitude des agents dans leur contact avec la population, fait de justesse, de mesure et de franchise. L’idée sous-jacente est en général que ce comportement est révélateur de la nature du peuple anglais, mesuré et méthodique contrairement au peuple français, sanguin, militaire et fougueux. Cette perception trouve son symbole dans le bâton des « bobbies » : envers positif de l’épée des sergents de ville, il est la preuve de la moindre violence des agents et de l’obéissance de la population, à tel point qu’il suscite des versions quasi-magiques d’arrestation de criminels. »
Et en note, l’auteur cite un contemporain français : « Ces constables, dont le bâton magique, emblème de la légalité, suffit pour réduire un malfaiteur à l’impuissance et transformer en défenseur actif de la loi tout citoyen qu’il touche, nous frappent de surprise et d’admiration. » (Texier (E.), 1852, Tableau de Paris, ch. XXV, Paris, bureau de l’Illustration). Cette version très répandue renvoie presque à un imaginaire fait de chevaliers, de sorciers et de baguettes magiques. »
Ah ! ces Anglais : on les déteste et on les admire en même temps, et eux font de même envers les Français. Que seraient ces deux peuples si la Manche n’existait plus ?
La gravure illustrant cet article est issue de la revue « L’Ami de la maison » du 8 mai 1856. Deux policemen arrêtent un individu.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci