Nous avons déjà rapporté les propos de certains auteurs selon lesquels les Bretons pratiquaient de longue date le combat au bâton. Dans l’article sur le bâton à deux bouts, Seguin, en 1810, écrit que « l’usage des Bocains de se servir du bâton à deux bouts pourrait leur être venu des Bretons dont ils étaient voisins. » Et dans « L’espadon à l’origine du bâton d’armes », un autre écrivain, en 1837, évoque « l’exercice connu en Bretagne et à Rouen sous le nom de « jeu de bâton » ou « art du bâtonniste ».

Mais jusqu’à présent, nous n’avions pas découvert de documents qui le confirmât. Or il en existe bien dans le très bel ouvrage de Claire ARLAUX, illustré de photos de Paul SANDFORD : « Trésors cachés des sablières de Bretagne », paru en 2007 aux Editions Equinoxe.
Les sablières sont des pièces de bois placées horizontalement en haut des murs des églises, et sur lesquelles s’appuient les entraits et les autres pièces de charpente. Beaucoup d’églises bretonnes comportent des sablières sculptées et peintes entre le XVe et le XVIIe siècle. Certaines sont plus ou moins rustiques, d’autres soigneusement ouvragées, mais toutes sont attachantes et précieuses sur le plan historique et documentaire.
Dans ce livre figure, p. 55, celle de la chapelle Saint-Sébastien du Faouët (Morbihan), sculptée par Gabriel Bernier en 1608. Parmi les plaisirs de la vie est illustré le jeu de lutte au bâton. Deux personnages se font face, horizontalement, et tiennent chacun le même bâton. Ce jeu s’effectuait avec un seul bâton, comme le jeu de la panoye . J’avais cru initialement que le sculpteur avait réduit la scène à son évocation la plus sommaire, en raison de l’étroitesse de la sablière et donc du manque de place. En fait, il n’en est rien, comme nous le verrons lors d’un prochain article.

Une autre scène de lutte au bâton se trouve en page 58. Elle est visible dans l’église de La Roche Maurice (Finistère). Deux personnages, aux traits déformés par l’effort ou la colère, tiennent, eux aussi, un bâton unique. La sculpture est datée de 1559.

Ce jeu de bâton unique n’est donc pas à confondre avec celui, martial, du bâton à deux bouts. Sous le même nom, il s’agit de jeux différents.

Un visiteur du site habitant en Bretagne connaît-il d’autres représentations du jeu de bâton sur les monuments religieux ou autres, sous forme de sculptures, de fresques, des graffiti ou sur des tableaux ?

Très intéressant article rédigé par Laurent Bastard. Merci