Après la Révolution, le château de Blois, en Loir-et-Cher, n’était plus habité des princes et pas encore visité par les touristes. Le gouvernement en fit une caserne. Les nostalgiques des fastes royaux de l’Ancien Régime le regrettèrent, telle Georgette DUCREST. Dans ses « Mémoires contemporains, Paris en province », lettre XI (1818), elle décrit ainsi sa visite au château lors d’un voyage en France :
« Après avoir servi de résidence à des têtes couronnées, avoir retenti des rires et des chants joyaux des courtisans, en même temps que des gémissements des victimes du despotisme le plus révoltant, il est devenu une caserne. Dans cette même eau où brillèrent les coches dorés des dames, entourés des fougueux coursiers richement caparaçonnés des guerriers les plus illustres et les plus galants, l’on voit maintenant des soldats s’exerçant au jeu du bâton devant une galerie d’admirateurs en guenilles. Tristes vicissitudes de ce monde. »
On remarquera le parallèle des deux situations (le passé somptueux des gens illustres, le présent vulgaire des soldats bâtonnistes et des spectateurs en guenilles).
Le jeu du bâton était considéré comme une basse forme d’escrime qui plaisait à la populace… Il ne trouvera ses lettres de noblesse qu’après 1840, lorsque les écrivains bohèmes et les bourgeois en mal d’exercice physique s’y intéresseront.
Le texte de G. Ducrest est consultable via Google.livres et la gravure du château est extraite du Guide du Val de Loire mystérieux, Ed. Tchou, 1968.
Article rédigé par Laurent Bastard.
Note : remarquons qu’aujourd’hui le bâton n’est pas réservé « qu’à la populace »