LA CONFERENCE SUR LES CANNES PROUD EST PUBLIEE
En 2011, Jean Philippon, René Teulet et Serge Etienne étaient venus au musée du Compagnonnage de Tours donner une conférence sur « Auguste Proud, un fabricant lyonnais de cannes compagnonniques ». Le texte intégral de cette conférence, enrichie de nombreuses photos sur Auguste Proud, son fils, les compagnons charrons, les cannes, etc. vient d’être publié dans le recueil « Fragments d’histoire du Compagnonnage » n° 14.
Ce gros volume 21 x 30 cm, de 232 pages, comprend aussi le texte des autres contributions données au cours de l’année 2011, mais celle qui nous intéresse occupe une vingtaine de pages. On y découvrira notamment les photos de toutes les « frappes » employées par Proud et son fils pour décorer, entre 1902 et 1930, les centaines de férules des longues cannes qu’ils fabriquèrent pour les compagnons de tous métiers.
Ces précieux objets, ainsi que les autres matériels et outils de l’atelier Proud, conservé en l’état depuis 80 ans, ont été achetés par Serge Etienne, compagnon métallier des Devoirs Unis, qui poursuit à Meyzieu (Rhône) la fabrication des cannes compagnonniques et qui peut désormais ajouter à l’en-tête de ses correspondances « successeur d’Auguste Proud et de son fils ».
Ce volume est vendu au musée du Compagnonnage ou par correspondance (22 € plus port), en allant sur le site du musée (www.museecompagnonnage.fr , à l’onglet Boutique).
Rappelons que Jean Philippon et Serge Etienne étaient déjà venus au musée, en 2002, et qu’ils y avaient donné une belle conférence sur « La canne des compagnons du tour de France », abordant toutes les facettes relatives à cet objet :fabrication, origines légendaires, histoire, rites, etc. Elle fut aussi publiée dans le volume 5 des « Fragments d’histoire du Compagnonnage » (même prix, même diffusion).
Ajoutons que le sujet des cannes de compagnons intéresse un large public puisque le dimanche 13 janvier, Laurent Bastard, directeur du musée, a organisé une visite thématique sur « La canne des compagnons », qui a attiré 73 personnes ! Un record ! Ce fut l’occasion de découvrir tous les modèles de cannes, leur évolution, leurs spécificités selon les métiers et associations, leurs usages, et moult anecdotes concernant cet objet étroitement associé à la vie d’un compagnon du tour de France.
Voici une photo publiée à cette occasion par le quotidien régional « La Nouvelle République » , le 18 janvier 2013 (photo Brigitte Barnéoud / NRCO).
LA FETE DES BATONS – 27 MAI 2012
La Fête des Bâtons se déroulera le Dimanche 27 Mai dans le cadre du Printemps des Bastides, manifestation organisée par le Conseil Général qui regroupe une douzaine de communes du Grand Bergeracois. Elle proposera des variations autour du bâton bien sûr et s’ouvrira vers l’Espagne et plus précisément le Pays Basque, passage obligé vers Compostelle, étape obligée des pèlerins qui passaient par Saint-Laurent des Bâtons.
PROJETS-> Artistiques
-Accueil de l’artiste suisse Georg Traber, découvert lors du Festival Mimos 2011 ; qui sera présent 4 jours, qui construira le jour de la fête sa monumentale tour en bâtons, donnera son spectacle inspiré par les arts martiaux et fera les jours précédant la fête, des ateliers avec des enfants.
-Animation musicale.
-> Sportifs
-Randonnée pédestre avec bâtons personnalisés de Saint-Laurent. (Bâton sculpté
par Frédérique Valentin) qui deviendra le bâton de randonnée de St Laurent et de La Confrérie des Bâtons.
-Course de relais dans le village.
-Concours de lancer de bâtons.
-Démonstration de canne de combat par le club d’escrime de Boulazac avec le
maître d’armes, Mikael Dassas et initiation à cette discipline.
-> Artisanaux
-Invités d’honneur, les sculpteurs de cannes basques, les MAKILAS. Nous
accueillerons l’Atelier Alberdi d’Irún qui donnera un aperçu de son savoir faire et
présentera un éventail de ses réalisations.
-Les meubles en châtaigner de l’association » Les enfants de Beleyme » de Montagnac la Crempse.
-Un feuillardier périgourdin, de ceux qui, pendant les mois d’hiver, coupent, taillent,
préparent notamment les feuillards qui serviront à cercler les barriques de vin.
Ce sera Pierre Joinel de Meyrals.
-> Les animations en amont de la fête
-Contact avec les écoles et les centres aérés pour imaginer ensemble leur
implication dans la fête ;
(Bâtons décorés, jeux sur le thème des bâtons).
- Collecte de souvenirs de bâtons auprès des anciens. (Maison de retraite et Le Club des Aînés de Ste Alvère
- Causerie à bâtons rompus à la bibliothèque de Ste- Alvère par Christian Lamaison.
- Le samedi 19 mai, construction d’un mobile, par tous, petits et grands, sous la
direction de Jean-Marc Pomier, chacun apportera son bâton.
Animations le jour de la fête
-Tir à l’arc avec l’association culturelle de Campagne.
-Jeux de bois proposés par Sébastien Galtier de Tursac.
-Mât de cocagne.
- Construction de la Maison de la Poésie avec des bâtons préparés par J.M. Pomier
-Jeu de Rampeau sur la piste de St Laurent des Bâtons restaurée.
Sans oublier LA CONFRERIE DES BÂTONS et ses intronisations.
Renseignements : http://www.fete-des-batons.com
- COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE SUR UN FABRICANT DE CANNES COMPAGNONNIQUES le vendredi 6 mai 2011 – Musée du Compagnonnage de TOURS
Dans le cadre de son cycle annel de conférences, le musée du Compagnonnage a accueilli le vendredi 6 mai trois compagnons particulièrement au fait du sujet : René Teulet, compagnon mécanicien du Devoir, Jean Philippon, compagnon cuisinier des Devoirs Unis et Serge Etienne, compagnon mécanicien des Devoirs Unis. Voici le compte rendu de cette conférence :
A TOURS, LA CONFERENCE SUR LES CANNES DE LA MAISON PROUD
La conférence organisée à Tours par le musée du Compagnonnage, le 6 mai dernier, sur la maison Proud, a rassemblé 80 personnes, dont beaucoup de compagnons, curieux de connaître l’histoire de cette petite entreprise familiale. Petite, certes, parce qu’elle n’employait que le fabricant dans des locaux de quelques mètres carrés, mais qui réalisa pourtant des milliers de cannes pour les compagnons en une trentaine d’années.
Le premier conférencier, René TEULET, « Quercy la Constance », compagnon mécanicien-outilleur du Devoir, développa la généalogie de la famille Proud, en rappelant que le patronyme est dérivé de « prost », déformation de « prévost », terme qui désignait un officier, une sorte de garde. Issu d’une famille paysanne de Vendée, à 19 ans, Auguste Proud fut reçu compagnon charron du Devoir, à la Ste-Catherine 1891. Son tour de France le conduit à Lyon en 1892. Il se marie à Oullins (en banlieue lyonnaise) en 1897 et s’y établit comme artisan charron. Un fils, Auguste, naît en 1898, un autre garçon, suivi d’un autre fils, Marius. Deux garçons seront eux aussi compagnons du Devoir, le premier, charron, et le dernier, menuisier. Auguste Proud décède en 1921 à 49 ans, Auguste fils en 1966. Ce dernier a eu trois enfants dont Simone et c’est grâce à elle que René Teulet a découvert que l’atelier du charron-fabricant de cannes était demeuré en l’état, depuis la fin d’activité d’Auguste Proud fils dans les années 1930.
La conférence s’est poursuivie avec Jean PHILIPPON, « Bordelais la Constance », compagnon cuisinier des Devoirs Unis. Il a expliqué que les compagnons avaient commencé à utiliser des cannes en jonc de Malacca à partir du moment où elles s’étaient répandues dans la société, à la fin du XVIIIe siècle. Ils les faisaient confectionner chez des fabricants de cannes, en demandant à ce que certains éléments soient « compagnonnisés », tels le pommeau (dont la matière varie selon les corporations) et la cordelière. A la fin du XIXe siècle, deux ou trois compagnons apprennent à en fabriquer eux-mêmes et diffusent leur production auprès des autres compagnons. A Lyon, les compagnons s’adressaient à un tourneur sur cuivre nommé Bron.
Le conférencier a ensuite évoqué la carrière compagnonnique d’Auguste Proud. Il s’agissait d’un compagnon charron arrivé à Lyon en 1892, qui occupa longtemps des fonctions au sein de sa corporation, confectionna des chefs-d’oeuvre (des roues à rayons multiples) et se montra hostile à l’entrée de sa société au sein de l’Union Compagnonnique, mouvement fondé en 1889. En 1901, il reprend l’affaire de Bron et commence à diffuser des cannes selon le modèle de son prédécesseur. Il satisfera alors toutes les demandes provenant des compagnons de tous métiers, rites et Devoirs, même ceux de l’Union.
En 1921, il s’associe avec son fils aîné, qui est reçu compagnon en 1924. Mais le compagnonnage des charrons est peu actif dans l’entre-deux-guerres (271 sont en règle en 1936) et Proud fils démissionne de sa société en 1940. Dès les années 1930, il ralentit puis arrête la fabrication des cannes.
Le troisième conférencier, Serge ETIENNE, « Champenois l’Ami de l’Honneur », compagnon métallier des Devoirs Unis, est entré dans les détails techniques. Il a défini les caractéristiques des cannes Proud, qui reprennent des motifs estampés de la maison Bron. Il a expliqué selon quel système Proud marquait ses cannes (« A.P. Oullins » et parfois « Lyon »), les numérotait et en datait la férule dévissable. Des frappes étaient prévues pour répondre aux désirs des compagnons des rites de Maître Jacques, Salomon ou Soubise, et il y avait plusieurs modèles, simples ou composés, dont le prix variait en conséquence. Si la plupart des cannes sont en jonc à côte revêtu de son vernis naturel, certaines étaient polies, rendues cylindriques, enduites d’un mastic à la céruse et teintées, ce qui les rendait fragiles lorsqu’on les courbait. S. Etienne a donné des informations sur les fournitures (pommes en ivoire, corne de buffle, ivoire végétal, fût en jonc et ébène, pastilles en argent, os, galalithe, cordelière et pompons en soie issus des passementeries de la région lyonnaise, embouts en laiton nickelé, argenté, doré ou non…). Proud fabriquait aussi quelques cannes non-compagnonniques. Il en réalisait 7 ou 8 par jour.
Serge Etienne avait apporté une partie des objets que lui ont cédés en 2010 les descendants Proud, ce qui a permis de bien comprendre la technique de fabrication et de décor des cannes.
S. Etienne sait de quoi il parle, puisqu’il fabrique lui-même depuis plusieurs années, à Meyzieu, des cannes pour l’Union Compagnonnique et quelques autres sociétés, sous le nom de « La canne de Lyon ». Avec l’accord de la famille, il a ajouté « successeur d’Auguste Proud ».
Cette conférence a suscité de nombreuses questions et s’est achevée lorsque, sous les voûtes de la salle capitulaire, a résonné la voix puissante de « Champenois l’Ami de l’Honneur », interprétant, bien évidemment, « La Canne », oeuvre de Pierre Calas, « L’Ami des Filles le Languedocien », qui a fait l’objet d’un article sur ce blog.