Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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EXCOMMUNIES POUR AVOIR FAIT USAGE DU MAKILA !

Voici un document qui nous apprend deux choses. La première, c’est que le port du makila (ou makhila), aujourd’hui typiquement basque, s’étendait jusqu’à la moitié du XIXe siècle dans les Landes, et plus précisément dans le Marensin. La seconde, c’est que les habitants de cette région s’en servaient lors de combats qui n’avaient rien des jeux d’Intervilles !

L’extrait qui suit provient de la « Revue des Deux Mondes », tome 53, 1864, article : Le littoral de la France, IV : les Landes de Born et du Marensin (p. 198). Source : Google.livres.

« Naguère les gens du Marensin avaient, comme les Basques et les anciens Euscariens, un compagnon fidèle, le makila, grand bâton noueux cerclé de cuivre à l’extrémité. Ils le suspendaient à leur poignet par un cordon de cuir de manière à pouvoir le faire tournoyer au-dessus de leurs têtes, et ne le quittaient que pour travailler et dormir. En se rencontrant, les paysans agitaient fièrement leur arme, et s’appuyaient sur elle avec autant de fierté qu’un chevalier croisant ses deux mains sur son épée. Aussi les luttes au bâton étaient-elles fréquentes, et souvent elles se terminaient par la mort d’un ou plusieurs combattants.

En 1730, les luttes entre les populations des divers villages étaient devenues tellement meurtrières que le duc de Duras, gouverneur de la contrée, interdit absolument l’usage du bâton et donna l’ordre d’envoyer aux galères du roi, « sans distinction des offenseurs et défenseurs », tout ceux qui se serviraient dans une bagarre de l’arme prohibée ; mais, par suite de la connivence de tous les habitants, l’édit draconien resta lettre morte, et les combats sanglants recommencèrent de plus belle.

Quatre ans plus tard, en 1734, les paysans de la commune aujourd’hui disparue de Saint-Girons-de-l’Est attaquaient les villageois de Saint-Girons-du-Champ, et les chassaient à grands coups de bâton de l’église paroissiale. Pour venir à bout des vainqueurs et réduire leur chef, le vaillant Jeannicot de Moléron, l’évêque de Dax, dut avoir recours à l’arme, toute-puissante alors, de l’excommunication.

De nos jours, l’usage du bâton s’est presque entièrement perdu dans les communes des landes, grâce au mouvement de la société moderne qui nous emporte en supprimant les moeurs locales, les coutumes, les traditions du passé. »

L’illustration de cet article représente une course aux échasses dans les Landes ; elle est extraite de « Patrie ! » par L. Huard (1900). Les échasses, ces grands bâtons de marche, ont fait l’objet d’un article sur ce blog le 20-02-2010 : Le bâton pour marcher dans les Landes… sur des échasses.

Sur le makhila basque, voir les articles du 19-01-2010 : Charivaris basques et du 26-11-2010 : Le makhila.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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