Le romancier et feuilletonniste Emmanuel GONZALES (1815-1887) publia en 1838 son roman « Les Mémoires d’un ange », longue histoire à rebondissements, pleine de grands sentiments, d’injustices, de vertus humiliées, où finit par triompher la justice.
Le roman fut à nouveau publié en 186Y-1868, en feuilleton, dans le « Journal de la semaine ».
Le numéro 794 du 13 octobre 1867 comporte une illustration qui a retenu notre attention. On y voit une mère affligée, à gauche, un enfant qui tend un pain à deux mendiants, et ces derniers qui le menacent de leur bâton.
Cette gravure illustre un passage du roman : » Un jour qu’elle (sa mère) me vit plus triste qu’à l’ordinaire et indifférent aux bonds et aux agaceries de mon chien, elle ouvrit un petit coffret noir rempli d’objets brillants : c’étaient des bijoux et des pierreries ; elle en vendit en soupirant quelques uns à un colporteur qui passait, et versa ensuite des pièces blanches dans mes mains, en me disant d’aller les porter comme une offrande dans de pauvres chaumières ; avec quelle joie j’obéis ! Mais les vieillards infirmes, mais les malades abandonnés, mais les familles hâves de faim et de misère rejetèrent mon argent comme s’il les eût souillés, et retrouvèrent des forces pour me chasser de leur seuil. Ils se défiaient de l’aumône du sorcier. Les mendiants eux-mêmes n’en voulaient pas. Eux, si humbles sous la besace, levaient leur bâton poudreux sur moi, comme si je les eusse insultés et outragés en leur parlant ! »
Ce sont ces dernières lignes qui ont été illustrées.
Le roman nous apprend que la mère passe pour avoir été l’épouse d’un sorcier et le garçon est appelé un « collibert », c’est-à-dire un gueux, que tout le monde rejette.
La gravure établit un violent contraste entre l’innocence d’un enfant et la violence du mendiant. Elle oppose l’offrande du pain au bâton levé pour le rejeter.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci