Nous avons déjà rencontré chez des écrivains des récits mettant en scène des chiens à qui l’on apprend à se dresser sur leurs pattes arrière et à tenir un bâton en guise de fusil (voir M. Clinelle, sa canne et son chien, par Paul de Kock (1833) et Bâton, caniche et militaire, par Erckmann-Chatrian (1863)

Voici un nouvel exemple de ce type de dressage militaire, découvert sous la plume d’Eugène NYON (1812-1870), qui fut un vaudevilliste et un écrivain pour enfants. En 1842, il publia « Les pérégrinations, escapades et aventures de Claude La Ramée et de son cousin Labiche » et en 1846-1847 il fit paraître dans le journal « La Semaine », en feuilleton, « Les pérégrinations, escapades et aventures d’un carlin, racontées par son ami Moumoute ». Sous ce titre voisin du premier sont décrites les aventures d’un petit chien qui est un temps recueilli par des soldats. On lui apprend à se mettre au garde-à-vous :
« Point n’est besoin de dire que mon éducation fut toute militaire, et que la première chose qui me fut enseignée fut l’exercice et la charge en douze temps. Pendant leurs moments de loisirs, les soldats me coiffaient d’un bonnet de police, et, me faisant asseoir sur le train de derrière, ils me mettaient sur mon séant, les pattes de devant tombant le long du corps, ce qui est la première position du conscrit aux classes. – Tête droite ! Tête gauche ! J’exécutais ces mouvements avec une précision qui eût pu faire rougir certains conscrits. Quelquefois ils me mettaient dans les pattes un bâton qui me tenait lieu de fusil et alors les commandements pleuvaient : – Portez armes ! Présentez armes ! Armes bras ! – Je n’ai pas la fatuité de dire que j’exécutais ces commandements ; non, mais je gardais une immobilité complète, et jamais je ne me laissais tomber sur mes pattes. »

La gravure est extraite du journal La Semaine, probablement de décembre 1846, et représente la scène du carlin tenant son bâton.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci