Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
L’EPREUVE DU BATON A MANDEURE (DOUBS)

Nous avons déjà rencontré un rite qui consistait, en Pays basque, à faire passer sous un bâton tenu horizontalement les jeunes gens qui s’engageaient à accomplir un charivari (voir l’article).

Le rite qui suit n’a pas le même but mais présente cependant une certaine analogie avec le précédent, car il repose sur l’idée d’engagement. Il est à rapprocher des rites associés au franchissement d’un seuil ou au passage sous un linteau de porte, qui exprimaient le passage d’un état à un autre, un avant et un après, le passage dans un monde et l’abandon du précédent.
Celui qui ose passer sous le bâton accepte les conséquences de son geste. Le bâton symbolisait la sanction éventuelle. De nos jours, ce sont les portiques de sécurité qui remplissent cette fonction…
L’article est extrait du Magasin pittoresque, n° 12, de mars 1843, p. 90. Il orthographie « Mandeuvre » la commune franc-comtoise, mais il faut lire « Mandeure ».

« Il subsistait encore, au siècle dernier, à Mandeuvre, près de Montbéliard, une épreuve judiciaire d’un genre assez singulier. Lorsqu’un vol avait été commis dans le village, tous les habitants étaient sommés de se rassembler sur la place de l’église, le dimanche suivant après vêpres. Là, un des maires de l’endroit ordonnait au voleur de restituer l’objet volé, et d’éviter pendant six mois le contact des honnêtes gens. Si le coupable persistait à ne pas se montrer, on en venait alors à ce qu’on appelait la « décision du bâton ». Les deux maires tenaient chacun à un bout un bâton qu’ils élevaient au-dessus de leur tête, et ordonnaient à tous les assistants de passer dessous. Telle était la terreur superstitieuse inspirée par cette cérémonie, qu’il n’y avait pas d’exemple que le coupable eût osé s’y soumettre. Il restait seul et se trouvait ainsi découvert. S’il eût eu l’audace de passer sous le bâton, et que plus tard on eût reconnu sa culpabilité, toute communication avec lui lui aurait été rompue pour toujours, et il eût été à jamais banni de la société de ses compatriotes

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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