La liste des animaux chassés jadis avec un bâton s’allonge constamment avec la découverte de récits de voyageurs et d’historiens. Manchots, phoques, lièvres, chacals, vipères, faisans, autruches, ont fait les frais de l’arme la plus simple qui soit.
Les crocodiles d’Egypte aussi, si l’on en croit Philibert AUDEBRAND dans son roman « Voyage et aventures autour du monde de Robert Kergorieu » (1886), p. 86-88.
« - Comment s’y prend-on pour lui faire la chasse ?
- Nos Egyptiens s’arment seulement d’un fort bâton, et, s’approchant du crocodile avec précaution, ils assènent un coup violent sur l’extrémité des mâchoires et les brisent, car ces os ont peu de solidité, malgré la force terrible avec laquelle ils broient ce qu’ils tiennent une fois. Par ce seul coup l’animal est mis hors de combat et doit mourir en peu de jours, à moins que son antagoniste ne profite d’un premier avantage et ne le tue sur-le-champ. (…)
- A un mille d’ici nous rencontrerons un hôte.
- Un hôte ?
- C’est un Anglais, sir James Primrose ; il est venu du Caire jusqu’en cet endroit précisément pour se livrer à la chasse au crocodile, dont je vous parlais tout à l’heure.
- A la chasse à coups de bâton ?
- Sans doute. (…)
Très peu d’instants après qu’il eut prononcé ces paroles, ils entendirent quelque chose qui ressemblait au piétinement d’une cavale sur le sable et sur les cailloux.
- Voilà mon Anglais, reprit Ibrahim.
De loin, en effet, ils apercevaient un cavalier en selle, non sur un cheval, mais sur un de ces ânes magnifiques de l’Orient que les gens du pays ne songent jamais à tourner en dérision, tant ils sont utiles et beaux. L’insulaire était armé d’un long bâton à l’aide duquel il faisait toutes sortes d’évolutions énergiques.
- Mais il est en lutte avec un crocodile ! s’écria Jacques.
Rien de plus vrai.
De loin, les voyageurs pouvaient être témoins de cette scène.
Un crocodile à dos jaunâtre, sorti des eaux, s’échappant par le détour d’un sentier, ouvrait sa gueule immense à la vue du cavalier et de sa monture ; sir James Primrose, équipé en véritable gentleman, de manière à ne pouvoir pas être démonté, s’avançait résolûment sur le monstre, et, malgré l’épouvante du quadrupède, il frappait à coups redoublés l’horrible saurien sur la mâchoire. »
Est-ce un récit d’imagination ? Etait-ce une réelle technique pour se débarrasser des crocodiles du Nil, autrefois très nombreux sur les rives du fleuve ? Il serait nécessaire de disposer d’autres témoignages du XIXe siècle pour l’affirmer.
Article rédigé par Laurent Bastard, merci