Plusieurs articles de ce blog ont évoqué des méthodes de chasse avec un bâton : les manchots, les phoques, les lièvres, les faisans, les chacals et les vipères en ont été les victimes. Voici un autre emploi du bâton pour, cette fois, chasser l’autruche.
La technique en est décrite dans « La Semaine des enfants » du 25 juin 1864. Elle se pratiquait dans un pays non cité, mais probablement en Afrique (Ethiopie, Somalie ou Kenya). Des cavaliers forment un cercle autour des autruches et les fatiguent en les faisant courir sans cesse jusqu’à ce que, épuisées, elles soient cernées et à portée des chasseurs.
« Chaque chasseur s’assigne une autruche, se dirige sur elle, finit par l’atteindre, et soit par derrière, soit de côté, lui assène sur la tête un grand coup de bâton. La tête est chauve et très sensible ; les autres parties du corps offriraient plus de résistance. L’autruche rudement frappée tombe, et le cavalier descend pour la saigner, ayant soin de tenir sa gorge éloignée du corps, afin que le sang ne tache pas les ailes.
Lorsque l’autruche est sur le point d’être atteinte par le cavalier, elle est tellement fatiguée, que si le chasseur ne veut pas la tuer, il lui est facile de la ramener doucement, en la dirigeant avec son bâton ; elle peut à peine marcher. »
L’usage d’un bâton pour tuer l’oiseau se justifie ici par la volonté de préserver l’intégrité des deux matières commercialisables : les plumes et la peau. C’est la même raison qui conduit les chasseurs du Grand Nord à tuer les phoques avec un bâton.
Chasse cruelle ? Sans doute. Mais notre sensibilité, notre rapport à l’animal a évolué depuis 1864 ; on n’imagine pas cette scène de chasse relatée dans un magazine pour enfants aujourd’hui. La chasse avec une carabine, qui fait plus « propre » car elle établit une distance entre le chasseur et le gibier, n’en est pas moins rarement évoquée dans les publications pour enfants. Alors avec un bâton, cet instrument si primitif et barbare, il ne faut même pas y penser !
Article rédigé par Laurent Bastard, merci.