Le compagnonnage des boulangers comprenait jusque dans les années 1930 deux sociétés : celle des compagnons boulangers du Devoir, fondée vers 1811 et qui existe toujours, et celle des sociétaires boulangers de la Bienfaisance, aux origines plus obscures. Il est possible qu’elle ait préexisté à celle des compagnons ; en tout cas elle se restructura dans les années 1820-1830 et ses membres prirent le titre de « compagnons boulangers du Devoir de Liberté » à partir des années 1860-1870. Ils disparurent en se fondant dans l’Union compagnonnique durant l’entre-deux-guerres.
Ce compagnonnage avait emprunté d’assez nombreux rites à la franc-maçonnerie. Sur l’un de leurs diplômes lithographiés vers 1860 (un « certificat de capacité et de bonne conduite »), on relève cette petite figure où intervient la canne.
Il s’agit de deux sociétaire revêtus de leur écharpe. Placés de part et d’autre d’un tombeau ombragé par un saule pleureur, ils ont saisi leur canne en main gauche et l’ont élevé au-dessus du tombeau. Ils ne sont pas là dans l’attitude de deux combattants et n’accomplissent pas un rite de reconnaissance. Ils croisent leur canne pour former une voûte au-dessus du tombeau qui enferme les restes de leur fondateur légendaire, en l’occurence Salomon ou Hiram.
Cette petite illustration, isolée parmi de multiples autres petites scènes et figures symboliques, nous a semblé intéressante car elle constitue l’une des plus anciennes représentations de la voûte d’honneur formée par les cannes élevées au-dessus d’une personnalité. Ici, il s’agit d’un défunt que les sociétaires honoraient plus que tout puisqu’il était censé leur avoir donné leurs règlements.
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci