Encore un extrait du « Dictionnaire encyclopédique d’anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères » par Edmond Guérard publié en 1872 et disponible sur Gallica.bnf.fr, tirée des Contes d’Ouville (17ème).
Un villageois, allant à Paris avec son âne chargé de coterets qu’il y portait vendre, s’étant laissé choir avec sa charge dans un bourbier, le frappait à grands coups de bâton pour le faire relever. Un gentilhomme vêtu d’écarlate, passant par là, lui dit : « Comment, coquin, n’as-tu pas de honte d’outrager ainsi ce pauvre animal ? Qui t’en ferait autant !…..
Je te jure, si tu continues davantage, que, de ton bâton même, je t’en donnerai cinq cents coups sur les oreilles. » Le pauvre homme ne sait faire autre chose que d’ôter son chapeau bien humblement, et se taire, jusqu’à ce que le gentilhomme, qui allait à Paris, fût passé. Comme il le vit assez éloigné de lui, il reprend son bâton et charge son âne encore plus rudement qu’il n’avait fait, lui disant, en se moquant du gentilhomme :
« Comment, monsieur mon âne, qui eût cru que vous eussiez eu des amis en cour !(1) »
Note : (1) L’histoire est semblable à celle du jeune paysan que Don Quichotte veut soustraire à une correction de son maître.
FM