Sous la Révolution et la Restauration certains propriétaires de cannes à pommeaux en bois tourné savaient discrètement révéler leurs opinions politiques (en faveur du roi Louis XVI ou de Napoléon) en projetant leur ombre sur un mur. On y distinguait alors la silhouette du roi ou de l’empereur.
Voir les articles : Jeux d’ombre des pommeaux de cannes politiques et Napoléon révélé par une pomme de canne.

Les tourneurs sur bois ont réalisé de semblables jeux d’ombres avec des bobines à fil, comme l’indique le rédacteur d’un article intitulé « Qui n’a pas sa silhouette ? » publié dans la revue « Lectures pour tous » de novembre 1908, p. 149-154 :

« Vouliez-vous, chaque fois qu’il vous en prenait fantaisie, voir se profiler votre silhouette ? Rien de plus facile. De petites bobines de bois, habilement tournées, permirent à chacun de porter son ombre dans sa poche. Il suffisait d’interposer la bobine entre un foyer lumineux quelconque et un écran blanc : aussitôt la silhouette se dessinait sur l’écran. Le musée Carnavalet, à Paris, possède trois de ces petits jouets curieux que nous reproduisons ici et dont l’ombre portée figure étonnamment Louis XVI. »

Est-ce pour cette raison que le mot « bobine » a désigné familièrement un visage, souvent un peu ridicule ? Le terme se rencontre notamment dans l’une des chansons de Béranger dès 1829.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci