Les maîtres d’armes du XIXe siècle n’ont pas enseigné que l’escrime au fleuret, à l’épée et au sabre, le maniement de l’espadon ou le jeu du bâton et de la canne. Certains donnaient encore à leurs élèves, dans un XIXe siècle bien avancé, les règles d’emploi d’instruments qui paraissent bien archaïques mais qui existaient encore bel et bien. C’était le cas du bâton à deux bouts ( voir l’article) mais aussi du bâton brisé, du fléau ou martinet, du fléau à battre le grain et du fléau brisé. Les uns et les autres nécéssitaient certaines précautions pour le « tireur » lui-même, mais s’avéraient des armes redoutables.
Voici ce qu’écrit à leur sujet le capitaine de BAST, « ancien professeur de toute arme et gymnastique à la Société royale et chevalière de St. Michel, à Gand », dans son « Manuel d’escrime » (p. 173-175), publié à La Haye en 1836 (consultable intégralement sur Google.livres).
« L’exercice du BÂTON À DEUX BOUTS est très utile pour assouplir le corps, fortifier les reins et les bras, et entretenir la santé ; mais il faut apprendre le jeu de Rouen ; le jeu de Paris est beaucoup moins beau ; le maniement d’aucune arme n’exige un exercice aussi fatiguant, mais elle est la plus sûre ; un fort bâtonniste, tenant une canne ou un bâton, se tirera toujours d’affaire s’il est attaqué même par plusieurs individus armés de couteaux ou d’épées, et il les mettra promptement hors de combat.
Le BÂTON BRISÉ se compose de six bâtons d’un demi-pied de longueur, unis l’un à l’autre par des noeuds en corde de boyau ; il ne sert qu’à porter des coups, mais ne comporte pas de parade.
Le FLÉAU ou MARTINET, qui est un bâton d’un pied de long garni de neuf ou d’un moindre nombre de cordes en boyau, ou de lanières de peau tressées, longues d’un mètre, et terminées chacune par une balle de plomb, est une arme très redoutable ; elle ne comporte qu’un seul mouvement, c’est un moulinet de toutes ces balles autour de la tête du tireur, mais l’effet en est tel que si une balle atteint l’adversaire, à l’instant toutes les autres viennent le frapper au même endroit. Cette arme, qui est une bonne défense, n’offre comme exercice aucune utilité, et est très dangereuse pour le tireur ; il faut être fort au bâton à deux bouts avant de l’apprendre, sinon on courrait le risque de se tuer soi-même en la maniant.
Le FLÉAU À BATTRE LE GRAIN est la seule arme qui résiste au bâton à deux bouts, quand elle est bien maniée ; il faut être déjà fort bâtonniste et avoir un bras vigoureux pour apprendre à se servir de cette arme, dont les coups et les parades sont les mêmes que ceux du bâton à deux bouts, excepté les moulinets de côté que l’on ne peut faire avec le fléau.
Le FLÉAU BRISÉ ne diffère du bâton brisé que par une boule de fer, armée d’une pointe, qui le termine ; les parties de cette arme sont attachées par des peaux d’anguille ; elle est aussi très dangereuse à manier.
Il est des maîtres de pointe qui prétendent qu’armé d’une épée, on peut combattre avec avantage les bâtons et les fléaux, en lançant un linge ou un vêtement, pour embarrasser le moulinet ; j’ai acquis la conviction que, bien maniées, ces armes triomphent de toute résistance. »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci
[...] Cette parade était-elle efficace ? En 1836, le capitaine de Bast en doutait, écrivant dans son « Manuel d’escrime » : « Il est des maîtres de pointe qui prétendent qu’armé d’une épée, on peut combattre avec avantage les bâtons et les fléaux, en lançant un linge ou un vêtement, pour embarrasser le moulinet ; j’ai acquis la conviction que, bien maniées, ces armes triomphent de toute résistance. » (voir l’article « Bâtons et fléaux défensifs (1836)« . [...]
[...] [9] http://www.crcb.org/batons-et-fleaux-defensifs-1836/.html [...]