L’ordre des Jésuites, ou Compagnie de Jésus, est une congrégation masculine fondée en 1539 par Ignace de Loyala. Ses membres, de haut niveau intellectuel, sont souvent des enseignants. Leur influence sur leurs élèves, leur pédagogie, leur intérêt pour la chose publique, leurs positions atypiques, les ont souvent conduits à encourir les foudres du pouvoir dans plusieurs Etats (jusqu’en 1956 en Norvège et 1973 en Suisse).
Ils furent expulsés de France de 1594 à 1603, en 1763 par Louis XV, en 1828 et à nouveau en 1880, à la suite des décrets Freycinet de 1879. En application de ces textes sont prononcées dissolution de la congrégation et la fermeture de ses établissements d’enseignement. Les Jésuites s’exilèrent notamment à Jersey. Plus de 5000 quittèrent la France. Ils furent à nouveau bannis en 1901.
La IIIe République s’appuyait sur l’anticléricalisme croissant des couches populaires et entendait affirmer ses positions laïques, ce qu’elle achèvera de faire avec la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’Etat.
L’image illustrant cet article est extraite d’une chanson satirique (Le Chant du départ des Jésuites) composée lors de l’exil de 1880. Les Jésuites de noir vêtus, portant leurs bagages, s’en vont en file vers la « frontière », tandis qu’autour d’eux volent des corbeaux. Au premier plan un homme à casquette (un ouvrier) leur fait un pied de nez.
Le premier Jésuite conduit la marche, un bâton à la main. C’est un thème récurrent : l’exil est un départ, un voyage, et pour le signifier par l’image les dessinateurs placent un bâton dans la main de l’exilé.
Nous avons déjà rencontré ce type d’image avec le départ pour l’Angleterre de Louis-Philippe en 1848 (voir l’article : Le bâton d’exilé de Louis-Philippe).
Cette illustration est issue du n° 24 de juin 1980 de la revue « L’Histoire », où figure un article de Jean-Marie Mayeur intitulé « Il y a cent ans : la République contre les Jésuites ».
Article rédigé par Laurent Bastard, merci