Les écrivains Emile ERCKMANN (1822-1899) et Alexandre CHATRIAN (1826-1890), qui signaient ERCKMANN-CHATRIAN, ont écrit de nombreux ouvrages évoquant l’Alsace d’autrefois.
Dans l’un d’eux, « Madame Thérèse » (1863), ils mettent en scène Scipio, le caniche du régiment du père Schmitt, un vieux soldat. Ce dernier fait accomplir à son chien les marches et les attitudes des militaires.
Puis survient l’épisode du bâton, qui n’est pas sans rappeler celui qui a été rapporté dans l’article « M. Clinelle, sa canne et son chien, par Paul de Kock (1833) ».
« Le père Schmitt regardait Scipio d’un air attendri ; on voyait qu’il lui rappelait le bon temps de son régiment.
« Oui, fit-il au bout de quelques instants, c’est un vrai chien de soldat. Mais reste à savoir s’il connaît la politique, car beaucoup de chiens ne savent pas la politique ! »
En même temps, il prit un bâton derrière la porte et le mit en travers, en criant :
« Attention au mot d’ordre ! »
Scipio se tenait déjà prêt.
« Saute pour la République ! » cria le vieux soldat. Et Scipio sauta par-dessus le bâton, comme un cerf.
« Saute pour le roi de Prusse ! »
Mais Scipio s’assit sur sa queue d’un air très ferme, et le vieux bonhomme se mit à sourire tout bas, les yeux plissés, en disant :
« Oui, il connaît la politique… Hé ! hé ! hé ! Allons… arrive ! »
Il lui passa la main sur la tête, et Scipio parut très content. »
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci