Notre ami Jean PHILIPPON dit « Bordelais la Constance », compagnon cuisinier des Devoirs Unis, a déniché dans ses trésors cet étonnant diplôme de maître de bâton. L’image a été imprimée par « Fournier, rue St Jacques, 31″ à Paris et coloriée ensuite à la main.

On y voit deux bâtonnistes évoluant sous les lustres de la salle d’armes et autour d’eux 24 spectateurs, presque tous militaires, identifiables à leur uniforme (hussards, chasseurs à cheval, cuirassiers, fusiliers). La salle est décorée de trophées composés de drapeaux tricolores, de couronnes de laurier et de quatre bâtons en sautoir. Au-dessus d’eux s’affichent les sentences : SECOURIR NOS FRERES et PROTEGER LES FAIBLES.
Le texte imprimé du diplôme, complété par des mentions manuscrites, nous permet d’identifier son titulaire, son professeur et de connaître la date de sa délivrance :

« Nous soussignés, Maîtres et Professeurs de Bâton, déclarons nous être réunis aujourd’hui à l’effet de reconnaître M. GENOUX élève de M.MAYCANTY en qualité de Maître et après nous être par nous mêmes assurés de ses Talens et Connaissances et lui avoir rappelé que la prudence et la modération doivent etre les premières qualités de celui qui professe notre Art, nous lui avons délivré le présent.
Nous invitons nos Amis et Frères d’Armes à lui porter aide et assistance au besoin, promettant réciprocité de notre part sur leur recommandation.
Fait à Verdun le 26 juin 1841″
Il s’agit donc d’un brevet délivré à Verdun sous le règne de Louis-Philippe.

Un détail retient l’attention. Sous le trophée de gauche est appendu un emblème maçonnique : le compas et l’équerre. Comment expliquer sa présence ? Est-ce un choix de l’imprimeur, qui a voulu illustrer la fraternité exprimée par la sentence « Secourir nos frères » (au sens de frères d’armes) par l’un des emblèmes fraternels les plus connus de son temps, celui qui exprime la fraternité des francs-maçons ? Ou bien l’imprimeur Fournier a-t-il tenu compte d’une présence importante de francs-maçons parmi les bâtonnistes militaires de son temps, sachant que dans l’armée beaucoup d’officiers étaient affiliés à des loges qui se déplaçaient en même temps que les mouvements des régiments ?

Si d’autres collectionneurs possèdent des brevets semblables et ont des informations sur la présence de ces emblèmes, nous leur serons gré d’en informer les visiteurs de ce blog.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci