Un objet aussi simple qu’un bâton peut suffire à éveiller l’intelligence des lois de la physique. Arnaud BERQUIN l’a fait comprendre en 1786, lorsqu’il publia « Sandford et Merton, traduction libre de l’anglais », d’après Thomas DAY.
Arnaud BERQUIN (1747-1791) écrivit des oeuvres pédagogiques, régulièrement rééditées jusqu’à la fin du XIXe siècle. Son contemporain, l’Anglais Thomas DAY (1748-1789), fut lui aussi un écrivain pour la jeunesse. Son « History of Standford and Merton » (1783), d’esprit rousseauiste, qui connut un grand succès. L’un et l’autre sont des auteurs oubliés aujourd’hui.
Les ressources de Google.livres nous permettent d’accéder aux Oeuvres complètes de Berquin (1840) et notamment à sa traduction de Day. Voici ce qu’on y découvre, p. 244 :
« Lorsqu’ils furent rentrés à la maison, M. Barlow fit voir à Tommy un bâton de quatre pieds de longueur, avec un plateau suspendu à chaque bout. Tenez, lui dit-il, je vais placer ce bâton sur le dossier d’une chaise, en sorte qu’il y porte exactement au juste point de son milieu. Vous voyez que les deux plateaux sont dans un parfait équilibre l’un avec l’autre. Ainsi, j’aurai beau mettre différents poids dans chacun, pourvu que ces poids soient égaux de l’un et de l’autre côté, les plateaux se balanceront toujours. Maintenant, au lieu de faire porter le bâton sur le juste point de son milieu, faisons-le porter sur un autre point, et voyons ce qui en arrivera.
M. Barlow posa le bâton de telle manière qu’en appuyant toujours sur le dossier de la chaise, il y eût trois pieds d’un côté, et un pied seulement de l’autre. Le côté qui était le plus long descendit aussitôt vers la terre. Oh ! je m’en doutais, s’écria Tommy. Jamais les plateaux ne resteront en équilibre tant que le bâton ne portera pas sur le juste point de son milieu. Voyons, dit M. Barlow, s’il n’y aurait pas moyen de faire ce que vous jugez impossible.
Il ramassa aussitôt le bâton, et le remit au même point où il était avant sa chute. Seulement, il plaça dans le plateau un poids d’une livre du côté où le bâton avait trois pieds de longueur au-delà du point d’appui, et un poids de trois livres du côté où le bâton n’avait qu’un pied de longueur au-delà de ce point ; au grand étonnement de Tommy, les deux plateaux se trouvèrent en équilibre, comme si le bâton eût porté sur le point juste de son milieu, avec un poids égal dans chaque plateau.
Vous voyez, reprit M. Barlow, par toutes les petites expériences que vous avez faites aujourd’hui, combien l’usage des instruments est précieux pour les hommes. »
La photo illustre parfaitement la démonstration ci-dessus. Elle est issue du site zen-et-efficace.com
Sur l’équilibre des funambules avec leur perche, voir l’article du 19 novembre 2010 : Le bâton du funambule
Article rédigé par Laurent Bastard, merci