Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA CANNE VUE DANS UN DICTIONNAIRE DE 1882


Les dictionnaires encyclopédiques des XVIIIe et XIXe siècles renferment des informations intéressantes sur les cannes et les bâtons, en montrant leur évolution au fil des ans et selon les modes, et en détaillant leurs différents usages. Voici ce qui figure dans le « Dictionnaire encyclopédique et biographique de l’industrie et des arts industriels », tome II, par E.-O. LAMI ; Paris, 1882, p. 150.

« CANNE. Bâton sur lequel on s’appuie en marchant, et qui sert aussi comme instrument de défense et de parade. Comparée au bâton, la canne est un objet de luxe ; on la fait en cornouiller, en jonc, en bambou, etc. Son extrémité supérieure est souvent ornée d’une pomme artistique, unie ou sculptée, en ivoire façonné, en métal ciselé, etc. Quelques spécimens renferment une montre, une tabatière, un portrait ; enfin, dans certaines cannes, on dissimule un poignard, une épée.

L’usage du bâton et de la canne remonte à une très haute antiquité ; le bâton de Diogène était aussi célèbre que sa lanterne et son tonneau. Au temps de Charlemagne, dit M. Quicherat dans son Histoire du costume, les Francs portaient à la main une canne en bois de pommier, surmontée d’un bloc de métal doré ou argenté, mais c’est surtout dans les temps modernes que cet accessoire du costume a pris un rôle important. L’habitude de porter une canne se répandit à la cour de Louis XIII ; celle du roi était en ébène surmontée d’une pomme d’ivoire uni ; la canne historique de Louis XIV était d’une grande richesse ; celle du maréchal de Richelieu se distinguait par une splendide ornementation. Le luxe des cannes fut alors poussé si loin, que par les matières précieuses qu’on y employait et le travail artistique dont elles étaient l’objet, quelques-unes valurent jusqu’à dix mille écus.

« La longue canne à pomme d’or, dite « à la Tronchin », qu’on appela depuis canne « à la Voltaire », était portée surtout par les vieillards, les magistrats, les personnages notables. La badine souple et pliante, de toutes longueurs, ne convenait qu’aux jeunes gens, qui couraient en « chenille », c’est-à-dire en petit habit leste et pimpant, dans les rues, le matin. Les femmes, et les plus jeunes, s’approprièrent alors la longue canne à pomme d’or, qu’elles tenaient par le milieu, comme celle d’un suisse de grande maison. Il y eut à cette occasion un luxe extraordinaire de cannes en bois des îles, en écaille et en ivoire (fig. 124 à 128). » (Paul LACROIX, XVIIIe siècle, « Institutions, usages et costumes. »)

Voltaire, Rousseau et le grand Frédéric ont illustré les cannes qu’ils avaient l’habitude de porter, et cette illustration a été habilement exploitée par des faiseurs qui, pendant de longues années, ont vendu à de crédules amateurs un bâton insignifiant pour la canne de l’un de ces trois personnages. Une canne ayant véritablement appartenu à voltaire, a été adjugée, à Paris, au prix de 500 francs.
Napoléon avait une canne en écaille de l’Inde et à musique, elle fut vendue à Londres 56 livres sterling.

V. « Histoire des cannes », par M. MAZE-SENSIER. »

L’illustration qui accompagne cet article est celle qui figure dans le Dictionnaire d’où est issu cet extrait.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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